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8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 21:19

1988: Ronald Reagan finit son mandat et le parti Démocrate s'apprête à surfer sur le (relatif) ras-le-bol de la population, mais pour obtenir une victoire à l'élection présidentielle, il faut un candidat... Gary Hart (Hugh Jackman), sénateur du Colorado, a été la plus grande surprise de la primaire de 1984, finissant deuxième derrière Walter Mondale, qui ira au casse-pipe devant un Reagan gonflé à bloc... Mais quatre ans plus tard, Gary Hart est non seulement l'ultra-favori des sondages pour la primaire Démocrate, il est aussi celui qui mangera n'importe quel Républicain tout cru. Sauf quun journaliste va enfreindre la loi non-écrite (qui a beaucoup servi sous Kennedy) qui dit qu'il ne faut pas se mêler de la vie privée de candidats infidèles... Et que Hart est particulièrement fragile sur ce point précis...

L'ascension, irrésistible comme de juste, d'un juste reconnu comme tel, qui met l'éthique politoque devant tout, puis la chute trois semaines plus tard, scellant l'élection une bonne fois pour toutes, envoyant donc presque automatiquement l'affreux George Bush (père) à la Maison Blanche... Voilà ce que semble raconter ce film, qui évidemment tranche en apparence sur le reste de l'oeuvre de Jason Reitman. Mais celui-ci a toujours eu un certain flair pour la peinture des coulisses du rêve Américain là où s'attend le moins à aller. Et il a toujours eu un certain goût pour les petites gens et les ordinaires, et les agents de corporation. Mais cette fois Gary Hart, le héros de son film, n'est pas un personnage de fiction. Et le moment qui est capté ici pour la postérité, est celui du basculement des médias politiques vers le côté obscur de la fin de la vie privée... 

Hugh Jackman, absolument fantastique en Sénateur par ailleurs intègre, qui a cru pouvoir garder intime sa double vie, porte évidemment une grande responsabilité dans la réussite de ce film, mais il n'est pas le seul. Jason Reitman a assemblé un casting splendide dans lequel on reconnaît deux de ses acteurs fétiches avec lesquels il a déjà travaillé: Vera Farmiga (Lee, l'épouse de Hart) était déjà au casting de Up in the air, et J. K. Simmons a tourné dans 5 films du metteur en scène et en tournera un autre après celui-ci. Ici, il incarne le directeur de campagne de Gary Hart... On retrouvera aussi des acteurs comme Kevin Pollak, ou encore Alfred Molina, qui rejoint le club de ceux qui ont interprété Ben Bradlee, le rédacteur en chef du Washington Post. 

C'est que le film se situe dans la tradition d'un grand cinéma de la chose politique, comme All the President's men, de Pakula, ou bien sûr The Post (Spielberg). Deux films avec Ben Bradlee... Des films qui savent se glisser dans l'urgence si riche en suspense de la politique Américaine, en remontant le fil médiatique d'une affaire, ou d'un épisode glorieux... Ou moins glorieux. C'est riche en moment d epure vérité, obtenus en soumettant parfois les acteurs à des manifestations de la vérité. Les conférences de presse, par exemple, ont été tournées sans prévenir Jackman de l'ordre des questions, ni de qui allait les poser... L'urgence se ressent dans les passages obligés du genre, aussi: réunions de crise du staff des candidats, comités de rédaction, et surtout les petites choses qui vont faire avancer le débat, ou reculer, c'est selon: les conversations en apparté dans une cuisine, les décisions à prendre à la minute... C'est riche, stimulant, et compte tenu de son sujet, passionnant.

Et on comprend que la politique ne sera plus jamais la même: même les coups de boutoir d'un Bill Clinton, ou les dérapages répugnants d'un Trump, n'y pourront rien. Désormais un candidat pouvait être défait par la seule volonté d'un journaliste bien informé...

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Published by François Massarelli - dans Jason Reitman