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1 mai 2024 3 01 /05 /mai /2024 13:33

1912: la famille Birling finit son repas du soir dans une atmosphère légère et auto-satisfaite... Le repas était excellent, et la jeune femme de la maison, Sheila (Eileen Moore), est présente en compagnie de son fiancé Gerald (Brian Worth), qui travaille aux côtés du père de famille (Arthur Birling). La mère (Olga Lindo) est également présente, ainsi que le jeune frère, Eric (Bryan Forbes), qui a probablement bu plus que de raison... C'est au moment où ce dernier, un peu éméché, va se coucher, qu'un inconnu se présente: l'inspecteur Poole (Alastair Sim) a une mauvaise nouvelle à annoncer: la mort d'une jeune femme, Eva Smith (Jane Wenham) qui a ingurgité un produit ménager pour se suicider... Ils ne se sentent pas concernés, jusqu'à ce que l'inspecteur ne leur prouve que chacun d'entre eux a croisé la jeune femme, et ça ne s'est pas très bien passé...

Le film est adapté d'une pièce à succès, présentée en 1945, et la bonne idée a été d'utiliser les nombreux flash-backs (tous liés aux révélations de l'inspecteur, mais aussi aux réactions de la famille Birling) pour aérer l'intrigue et la situer en dehors des lieux théâtraux de l'action... Ce n'est pas a priori un whodunit (puisque on sait que la jeune victime a commis un suicide) mais il y a, au fur et à mesure de l'évolution de l'histoire, des petits mystères qui viennent se placer, et maintiennent avantageusement l'intérêt...

Derrière la série de devinettes, et les numéros d'acteurs (on peut faire confiance à Alastair Sim pour vampiriser la distribution... mais les acteurs autour de lui ne sont pas mauvais, loin s'en faut), se cache une intéressante histoire qui se situe d'un certain côté de la morale, d'une part (ces bourgeois satisfaits vont en prendre sérieusement pour leur grade) mais aussi une petite satire sociale, dans laquelle les difficultés de la classe ouvrière sont incarnées par la jeune jane Wenham, dans le rôle d'Eva Smith...

Celle-ci va d'ailleurs profiter de l'abondance de points de vue: certains se souviennent d'elle comme d'une impertinente vendeuse, d'autres, comme d'une ouvrière trop revendicatrice et à remettre à sa place, un troisième comme d'une demoiselle en détresse, d'autres comme d'une intrigante qui tente de profiter de la charité. Mais à chaque fois, l'actrice opposera à toutes ces versions une sorte de cohérence humaine... 

A noter, ce film très critique vis à vis des différences de classe en Grande-Bretagne est adapté d'une pièce dont la première a été jouée... en Union Soviétique. Ca ne s'invente pas...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir