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12 mai 2024 7 12 /05 /mai /2024 12:30

Le film majeur d'Ozu, en cette année 1933, est sans doute le plus représentatif des qualités, du style et peut-être aussi des limitations, largement liées à la censure Japonaise, des films muets du metteur en scène...

Sa fascination du film de gangsters, clairement, est le plus important aspect de son amour du cinéma américain, et ce n'a jamais été aussi évident que dans ce film, situé dans un Tokyo  contemporain (pour l'époque du tournage évidemment), entre le monde de la journée (le travail des employés de bureau, dont la secrétaire Tokiko interprétée par Kinuyo Tanaka), et le monde de la nuit, qui est dominé par la pègre, et notamment Joji (Joji Oka), un chef de gang: c'est le petit ami de Tokiko, et s'il est évident qu'il est le leader d'un groupe de malfaiteurs, il dirige aussi un club de boxe. On le verra peu dans l'action d'un gangster: il fait attendre la dernière bobine pour le voir en action...

L'intrigue tourne autour de la jalousie de Tokiko, qui surveille de près son Joji, peu enclin à se modérer quand il croise une jolie fille. Lorsque Joji engage un étudiant, Hiroshi (Koji Mitsui), la soeur de celui-ci, une jeune femme très comme il faut Kazuko (Sumiko Mizukubo) l'attire de façon évidente... Tokiko, elle même à cheval entre les deux mondes, est tiraillée entre sa sympathie pour le sacrifice de Kazuko qui voit son frère glisser vers la criminalité, et sa jalousie à l'égard de la jeune femme...

Une bonne part du film se situe dans les bars, les clubs de billard et les clubs de boxe et bien sûr la nuit. On y verra un monde dont les traditions du Japon semblent absentes, et les vêtements, les attitudes, le décor (les affiches de films occidentaux sont partout, comme d'habitude), tout renvoie à une image sublimée d'une certaine idée du cinéma occidental... A côté, Kazuko, avec ses kimonos, incarne un type de personnage courant chez Ozu à cette époque, la jeune femme virginale et effacée derrière un homme, ici en l'occurrence ce sera son frère...

C'est par ce dernier, décidément une erreur de casting pour le gangster Joji, que le film se précipitera dans une action criminelle, d'une part, et c'ets aussi lui qui révélera qui et le centre de ce film, en l'occurrence Tokiko, une figure tragique pour son amour sans fin. 

Totalemet irréaliste, probablement, inspiré d'une vision du monde située clairement uniquement dans l'esprit de son metteur en scène (un peu à la façon décalée dont Sergio Leone voyait la conquête de l'ouest dans ses westerns), le film est aussi très différent de son cinéma austère des années 50, avec des idées stylistiques constantes, des angles de caméra notables, des mouvements de caméra aussi, qui renvoient une fois de plus à ce cinéma de 1927/ 1928 dont le cinéaste s'abreuvait...

Et une fois de plus, Ozu questionne ici les valeurs Japonaises traditionnelles, à travers ces personnages de femmes qui doivent choisir entre deux voies contradictoires, ces gangsters à l'Américaine qui passent finalement plus de temps à paraître être des gangsters, qu'à commettre de mauvaises actions... Fasciné, il oppose le cheminement à petits pas de Kazuko, et les robes élégantes de Tokiko, mais ce sont deux femmes Japonaises, prises au piège des hommes et de leur morale conquérante, qu'ils soient gangsters, étudiants... ou chef d'entreprise.

 

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Published by François Massarelli - dans * Yasujiro Ozu Muet Noir 1933