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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 08:02

C'est le début de l'année au lycée John Hughes, en Californie du Sud: les lycéens arrivent et développent leurs stratégies pour l'année... Priscilla, cheerleader, se sépare de son petit ami pour se laisser séduire par un type très bizarre; Janey, qui a des lunettes, est donc officiellement moche, et comme elle aime les arts, elle est officiellement bizarre aussi... Mais étant secrètement belle (elle peut très bien enlever ses lunettes), elle va faire l'objet d'un étrange pari entre deux garçons; les garçons se divisent en deux catégories: les losers d'un côté, et les néandertaliens: riches, sportifs, avec un QI d'huître... Enfin les juniors vont tout faire pour perdre leur virginité...

C'est une parodie. Je le dis, des fois que... Mais il faudrait avoir le QI d'un Jock moyen pour ne pas s'en rendre compte, puisque le film le signale tout le temps... C'est son pire défaut d'ailleurs: si je trouve très saine la capacité qu'a le cinéma américain à se moquer de lui-même (voir à ce sujet les films des Zucker et Abraham), le fait est qu'il semble interdit de le faire en soignant sa copie... j'ai horreur de mettre en avant "notre" cinématographie nationale, qui est souvent indigente (surtout en matière de comédie) quand on la compare aux films américains, mais cette fois comment l'éviter? Michel Hazanavicius a tout compris de la parodie, quitte d'ailleurs à avoir plutôt recours au pastiche: subtil, léger, profond... Ici, ce n'est pas subtil, mais alors pas du tout; ce n'est jamais léger, puisque les personnages parlent souvent en méta: comment voulez-vous rendre léger un dialogue dans lequel le personnage dira "je vais dire 'Damn!', car je suis un lycéen Afro-Américain, et c'est ma fonction de ne dire que ça"?

Et au-delà du fait qu'on rit parfois (la première scène, qui est sans doute la toute meilleure du film), et qu'il y a un certain nombre (impressionnant du reste) d'allusions et clins d'yeux au genre de la comédie lycéenne (le nom du lycée, ou encore la boutique Spicoli aperçue en ville), d'ailleurs remontant parfois près de vingt années en arrière (ce qu'on ne ferait plus dans notre monde amnésique), le film se vautre occasionnellement dans l'exploitation pure et simple... Le fait d'imaginer une étudiante d'un échange culturel, naturiste, et qui donc est nue du matin au soir, permet effectivement sans aucune gène aux auteurs d'avoir une actrice nue dans toutes ses scènes... L'introduction de l'inceste militant chez certains personnages est un facteur de grincement de dents extrême... Et si on observe bien de quelle façon les films présentent les codes de fonctionnement d'un lycée Américains, les catégories (filles belles/filles moches, minorités, "geeks", "jocks", etc) il n'en reste pas moins que le constat relève surtout d'une observation des réalités de toute une société. Si ces films ont tendance à être si manichéens, c'est que l'école Américaine l'est, justement...

Et comme le titre français (qui n'y va pas de main morte, ça non: Sex Academy) semble avoir gommé toute prétention de parodie, je me demande si les spectateurs d'aujourd'hui sont conscients de cet aspect... Bref: je n'aurais jamais imaginé le dire ou l'écrire, mais finalement, ce film est bien moins intéressant que certains des films du genre qu'il parodie. Je pense bien sûr à Fast times at Ridgemont high (qui en est probablement le prototype), voire à Eurotrip (qui prend les choses frontalement, même si avec un humour franchement balourd... mais totalement assumé)...

Oui, je viens de dire du bien d'Eurotrip.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Mettons-nous tous tout nus