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Dans un futur proche, une rencontre se tient, dans une église, entre l'équipe d'une éditrice/conceptrice de jeux vidéos, Allegra Geller (Jennifer Jason Leigh) et des fans de son système. Pendant que la jeune femme et les gamers son en train de tester un nouveau pod ultra-révolutionnaire, des militants d'un groupe violent commencent à tirer dans le tas... Ted Pikul (Jude Law) intervient pour sauver Allegra, ils commencent une cavale qui sera compliquée, car il y a, de la part d'un groupe ultra-violent et ultra-déterminé, un objectif clair: tuer Allegra, et revenir à la réalité pour empêcher les gens de s'évader en permanence dans des réalités virtuelles de plus en plus sophistiquées...
C'est de la science-fiction très proche de ce que Philip K. Dick faisait en son temps, cela dit le scénario est une pure création de David Cronenberg. On le croit sans peine: ces pods, qui sont faits d'une matire plastique qui parait si organique, ces manipulations sur le corps humain pour en faire le réceptacle d'une technologie mi-électronique, mi-organique, on est totalement dans son univers, lui qui a tant travaillé sur le lien entre l'humanité et ses extensions, que ce soit un pouvoir extra-sensoriel (The Dead Zone), la voiture (Crash) ou la télévision (Videodrome)...
On imagine le type d'analyse qu'on fera, à plus forte raison à l'époque précise dans laquelle nous nous trouvons, en estimant que Cronenberg "était en avance sur son temps"... Mais je ne me risquerai pas sur ce terrain, d'abord parce qu'il est clair que ce serait un diagnostic a posteriori, et ensuite parce que s'il est clair que le film nous montre une humanité qui s'échappe en permanence dans une réalité virtuelle qui gomme toute forme de réalité (justifiant pleinemet la colère des terroristes "réalistes" sinon leurs méthodes). Le metteur en scène place ses personnages, qui changent volontiers de personnalité en fonction de l'univers qu'ils traversent, dans une situation permanente de déstabilisation mutuelle, c'est un monde dans lequel rien ne tient. De même que la technologie évolue et singe la nature en proposant des jeux qui fonctionnent sur des plateformes qui sont autant d'organes, la nature répond en favorisant la mutation des animaux: un batracien à deux têtes joue un rôle de fil rouge (même s'il finira en filet)... La réalité semble être la chose dont plus personne ne veut, et on ne tardera pas, devant ce film provocateur, à se poser la question comme le font les personnages eux-mêmes, qui s'y perdent toujours: mais alors, là, on est dans leur réalité, ou c'est encore le jeu?
Sinon, les personnages se trahissent tellement rapidement, avec tellement d'énergie, et tellement dans tous les sens, qu'on jurerait qu'on va voir démbarquer Eric Ciotti, c'est dire.