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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 18:14

On compte 24 adaptations cinématographiques du roman de Dumas (...et de Maquet), du moins c'est le nombre répertorié par Wikipedia! Et je n'y comptabilise pas les adaptations télévisées... C'est un gotha de l'histoire du cinéma: les noms prestigieux et les oeuvres d'envergure y côtoient les oubliés et les nanars... l'adaptation par Victorin Jasset (Le prisonnier du chateau d'If, 1908) a-t-elle survécu? les adaptations Américaines, Argentines, Mexicaines, Italiennes apportent-elles plus d'épices à ce noble classique français du roman populaire?

Et pourtant il est hors de question de douter de la pertinence de réaliser un film en 2024, même si on soupçonne qu'on va entendre de nombreuses personnes s'imaginer que c'était nécessaire pour actualiser l'expérience cinématographique... Il y a d'ailleurs un je-ne-sais quoi de Netflixien dans cette adaptation! Mais qu'on se rassure, force reste au cinéma, et à ses traditions. Une exposition riche, et forte en drames et idéaux, un héros clairement identifié, qui va accomplir son destin dans la tragédie, la sienne avant de provoquer celle des autres... Pierre Niney est un Edmond Dantès solide, qui cède allègrement à l'un des péchés mignons du cinéma d'aventures: le déguisement. 

Oui, c'est l'un des grands avantages du film: si j'imagine qu'il a été utile de se servir de l'imagerie numérique pour certains décors, les déguisements et les vieillissements ont été principalement confiés aux acteurs eux-mêmes, et on va donc devoir céder à l'une des règles numéro 1 du mélodrame: nous voyons un film dans lequel l'acteur est déguisé. Nous sommes dans la confidence et le reconnaissons, car il FAUT que nous le reconnaissions... Mais autour de lui, personne ne le reconnait. Sauf celle qu'il a aimé, qui croise son regard et sait. Sortez, les ricaneurs.

Le Comte version 2024 n'a pas grand chose à envier à celui de 1929 (mon préféré, dans la version de Fescourt): il perd une grande part de son humanité dans l'épreuve (trahisons, humiliations, emprisonnement, fausse mort, évasion spectaculaire), et va suivre assez aveuglément la voie de la vengeance pour la retrouver. Niney l'habite avec panache... Et il est bien secondé par une brochette d'acteurs: Bastien Bouillon qui incarne le rival qui trahit Edmond et épouse celle qu'il aime. Anaïs Demoustier, justement, est la belle Mercédes; la mystérieuse Haydée (sur laquelle le film manque un peu de clarté, d'ailleurs) est interprétée par la Roumaine Anamaria Vartolomei. Mais je m'en voudrais d'oublier le grand, l'immense Laurent Lafitte, qui est un admirable méchant, en jouant le rôle de l'affreux procureur royaliste De Villefort... Un méchant à la Hitchcock, donc, sur lequel le film repose en large partie, et qui n'a pas besoin de faire grand chose pour qu'on ne regarde que lui!

C'est un film épique, de trois heures, il faut au moins ça, même si il a fallu considérablement élaguer pour faire tenir le film dans une durée raisonnable... J'ai toujours eu une préférence pour la première partie des adaptations que j'ai vus, celle qui établit la vie et les aventures de Dantès, de son arrestation jusqu'au Chateau D'If, et au-delà avec la découverte d'un trésor. C'est une fois de plus la meilleure partie du film à mes yeux...

Dans la suite, les metteurs en scène ont tendance à trop céder à des manies à la Netflix, des ruptures de continuité pour dévoiler de façon plus explicite les machiations et donner l'impression de mettre les spectateurs dans la confidence. c'est inutile, à mes yeux... Et c'est même assez prétentieux. Ils ont aussi utilisé avec un peu trop d'enthousiasme des clichés stylistiques qui sont irritants (les caméras qui virevoltent dans tous les sens, enfin! des flous omniprésents qui deviennent redondants) et une musique (la supervision est due à Pierre-Marie dru) qui cède prfois aux tendances extrèmes actuelles, avec ces percussions "héroïques" à la Game of Thrones... des modes qu'on regrettera dans cinq ans.

Mais l'essentiel est que ce film a l'honnêteté de montrer des décors tangibles, des confrontations d'acteurs, plutôt que de les noyer dans des reconstitutions numériques sans âme. Le film demande l'adhésion, tout comme il exigeait un acteur qui ait la carrure d'un tel rôle. Niney m'a gentiment convaincu... Dumas et son souffle épique ont toujours énormément apporté au cinéma mondial, c'est toujours le cas.

 

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Published by François Massarelli - dans Dumas