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21 août 2024 3 21 /08 /août /2024 08:52

Ce film est le premier à aborder un sujet qui est associé uniquement, aujourd'hui, à la Guerre Froide, il est le journal d'une défection... Et il est aussi le premier à aborder (voire définir) ce qu'était, justement, la Guerre Froide, dans une scène: le héros, agent et fonctionnaire zélé de l'Union Soviétique, questionne l'idée qu'on puisse être ennemis entre alliés face à la menace fasciste. On lui répond qu'il n'y a pas lieu de sympathiser avec les capitalistes... Un aveuglement qu'on pourra bien sûr retourner en affichant le même fanatisme de l'autre côté, il suffit pour s'en convaincre d'écouter les propos des candidats Républicains à l'élection présidentielle de 2024...

Mais revenons au film: Wellman a toujours affiché dans la dernière parti de sa vie un anticommunisme acharné, dont ce film est le point de départ. Il raconte la défection d'Igor Gouzenko (Dana Andrews), fonctionnaire à l'embassade d'URSS à Ottawa, en poste durant la guerre... Arrivé en petit soldat zélé, il a progressivement laissé le style de vie plus chaleureux infuser son existence, et a fait venir son épouse (Gene Tierney), qui l'a aidé à encore plus se laisser convaincre... Très vite, le couple s'est trouvé en danger...

Dans ce qu'il a voulu traiter comme une chronique très claire et directe des événements, Wellman s'est de lui-même trouvé emprisonné dans un de ses traits narratifs les plus remarquables: cette propension à laisser de côté des événements, des aspects attendus qu'on ne montrera justement pas. Ici, il a choisi de ne jamais montrer directement les Soviétiques en action, autrement que dans leur paroles et attitudes. On ne verra jamais de torture, ni punition... On n'est pas dans un film de John Wayne! 

Mais le film en devient sec, austère, et avec Andrews et Tierney en transfuges soviétiques, je ne surprendrai personne si je dis qu'on a du mal à y croire! Le traitement en film noir, bénéficiant du savoir-faire des techniciens de la Fox,  est esthétiquement engageant, mais ce récit vaut sans doute surtout par un final en crescendo dans lequel les deux héros sont menacés d'un risque tellement invisible que personne n'y croit. Une sorte d'anticipation sur les flms de science-fiction anticommunistes dont Hollywood allait faire une spécialité...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Noir