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30 octobre 2024 3 30 /10 /octobre /2024 16:28

Le petit pays de Freedonia, situé quelque part (par là-bas), entre ici et là, fait face à une crise: sa bienfaitrice, Madame Teasdale (Margaret Dumont), menace de retirer ses avoirs des finances du pays, ce qui aurait pour effet de ruiner l'économie, et toute chance de retrouver le bonheur... A moins qu'on n'offre la direction du gouvernement à un homme de confiance: Rufus T. Firefly (Groucho Marx)...

Une fois annoncé le nom de l'acteur, et le nom du personnage qu'il interprète, on sait que tout est joué: un film de Frères Marx, généralement, c'est une structure savante concoctée par un studio, confiée à un yes-man en guise de réalisateur, peuplée d'acteurs qui font tous pour surnager, alors que les quatre stars font tout (et réussissent, généralement) pour dynamiter, hâcher menu, détruire le film de l'intérieur. 

Ce qui est amusant dix minutes, rarement plus... Pourquoi maintenant ce film se distingue-t-il tant des autres? Ne cherchez pas: on l'a confié à Leo McCarey, qui n'est pas un yes-man... Et il a déjà installé à la Paramount, après avoir bifurqué entre Roach, Pathé et Fox, un style de comédie musclé, sûr, et à l'écoute des comédiens... Mais à la condition de pouvoir faire un film, ce qui est toujours le problème avec les quatre frères cités plus haut...

Pourtant, le fait est que ce film est réussi: en maintenant évidemment un dosage des clowneries de Groucho et de ses frères (au fait, Zeppo, le plus "normal" des quatre, est le secrétaire de Firefly, et Chico et Harpo interprètent deux espions complètement farfelus, qui changent d'ailleurs d'employeurs comme de chemise), McCarey a réussi à tourner un film. Un film qui se tient, sans doute pas parce qu'il reste sérieux (il ne faut pas trop en demander), mais juste parce qu'il a élargi la palette des gags du quartet: en convoquant Edgar Kennedy, en confiant à Louis Calhern un superbe rôle de méchant dans lequel il réussit à survivre au chaos, en donnant une logique burlesque qui ne tient pas qu'au dialogue, au n'importe quoi de Harpo et à l'accent Italien abominable de Chico, il a fait un classique. 

Un classique qui doit sans doute autant à l'univers de Charley Chase, qu'à la Veuve Joyeuse, l'opérette (d'ailleurs elle fut l'objet de deux films, l'un de Stroheim, l'autre de Lubitsch) qui tenait lieu de classique à parodier... Pour ce qui est de Charley Chase, voir le film Long fliv the king (1926), de... Leo McCarey. 

Un classique du n'importe quoi assumé, ça en revanche, c'est sûr...

Et il y a la scène du miroir, qui est exceptionnelle... et muette. Et pourtant, cet insupportable moulin à paroles de Groucho Marx en est l'un des interprètes! Elle a une longue histoire tortueuse, car elle apparaît sous une forme ou une autre dans les oeuvres de Roscoe Arbuckle, Charles Chaplin, Max Linder, et... Charley Chase, dans un film réalisé par McCarey là encore: Sittin' pretty, dans lequel Charley et son frère James Parrott se livraient à la routine du miroir absent, en tirant profit de leur ressemblance impressionnante... Sans surprise, cette version reste la principale influence de celle contenue dans ce film.

 

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Published by François Massarelli - dans Marx Pre-code Leo McCarey