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14 octobre 2024 1 14 /10 /octobre /2024 21:53

C'est étrange de devoir maintenant parler de Michel Blanc au passé. Et de savoir qu'il a été principalement célébré, à l'occasion de son décès prématuré, comme étant un personnage des Bronzés... Raison de plus pour se pencher sur ce film, qu'il a réalisé en 1994, c'était d'ailleurs son deuxième long métrage, 10 ans après Marche à l'ombre...

Et c'est un drôle d'objet, tourné sur un script dû aux talents conjugués de Blanc, son amie Josiane Balasko, qui d'ailleurs joue dans le film, et Bertrand Blier. Sur ce dernier, je n'ai habituellement pas grand chose de tendre à dire... Mais le fait est que son impulsion a probablement permis à cette histoire rocambolesque d'acquérir un sacré mordant!

Michel Blanc file un mauvais coton: il change d'avis comme de chemise, et en profite, à chaque fois qu'il est seul avec une collègue actrice, pour la peloter et plus si affinités: Matilda May, Charlotte Gainsbourg et Estelle Lefébure manquent d'en faire les frais. Mais quand il séquestre Josiane Balasko, puis la viole, il est arrêté! Sauf que... ce n'est pas Michel Blanc, mais un sosie qui a vécu dans son ombre depuis des années, et a décidé de réclamer sa part du gâteau... Les ennuis ne font que commencer, pendant que Michel Blanc (le vrai) se lance dans une enquête pour sauver sa réputation, en compagnie de Carole Bouquet...

Belle idée, vraiment, qui "sauve" le metteur en scène en même temps que l'acteur: et si ce film avait été motivé par une grosse déprime, un de ces bourdons qui vous empêchent d'avancer? Ce n'est pas moi qui le dis, mais l'agent Domnique Besnehard, dans une conversation avec l'acteur: "et si tu faisais un nouveau film, depuis Marche à l'ombre on t'attend!"... En s'offrant un détour par le miroir aux alouettes du cinéma, et en jouant son propre rôle dans son propre univers, l'acteur nous fait part d'une angoisse existentielle inédite.

Mais Blanc choisit, en restant constamment réaliste, et en sacrifiant au flou artistique sur la vie privée de ses vedettes ("Les parents de Michel Blanc" sont interprétés par des acteurs, et sinon dans le milieu tout le monde se connait et dîne chez tout le monde), de ne pas se voiler la face, et aborde des points qui pourraient s'avérer sensibles: la chasse aux autographes qui porte sur les nerfs; les propriétés dans le Lubéron, vraies ou fausse; les intérieurs Parisiens cossus sur les grands boulevards; la fuite discrète en confortable Alfa Roméo; et un appartement à deux pas de la Tour Eiffel. Et le final, bien qu'il parle de deux hommes à terre, se déroule quand même sur la terrasse du café Le Flore... (là où tu me dis je t'adore)

Et pourtant, le film reste, au-delà d'une comédie à la forme extravagante mais sous contrôle, un véritable chantier de réflexion sur la question de l'acteur. Qui est-il, qui est-elle? Sont-ils des autres, peuvent-ils être des doubles? Et si un autre prend ma place, qui suis-je? L'acteur, et avec lui rien moins que Philippe Noiret, nous livre en une conclusion ouverte, très digne, la clé de ce drôle de destin, que d'aucuns choisissent par passion: jouer, on ne peut pas s'en empêcher. Et s'il le faut, et que les circonstances vous mettent des bâtons dans les roues, on est prêt à recommencer à la base... 

La part de Blier est probablement dans l'impeccable méchanceté du dialogue, et la noirceur de l'ensemble, qui tranche vraiment sur les films des gens du Splendid... Ceux-ci sont vus dans une belle scène, où leur unité de façade créérait, dans les circonstances, presque un malaise... Mais ce film est à des coudées au-dessus. Blanc, acteur et cinéaste, avait beaucoup, beaucoup de talent... et pas que des algues dans le slip.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Michel Blanc