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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 17:11

Une compagnie (véreuse) de chemin de fer est en pleine installation d'une nouvelle ligne dans l'ouest. Sous le couvert de sa mission d'assistant aurpè du gouverneur de l'état, l'honorable William J. LePetomane (Mel Brooks), l'infâme  Hedley Lamarr (Harvey Korman) décide de tout faire pour faire fuir les habitants de la tranquille petite ville de Rock Ridge. Il a une idée diabolique, celle d'envoyer dans le conté un nouveau shérif... Afro-Américain, pensant que ça les achèvera... Bart (Cleavon Little), le nouveau shérif, arrive en ville et va très vite mesurer à quel point les habitants lui sont hostiles...

Je ne pense pas qu'il y ait vraiment eu avant ce film un western parodique qui osait autant mettre complètement en désordre la belle structure du western, à part bien sûr dans le dessin animé. Auparavant, les comédies-western (certains films de Harold Lloyd ou de Keaton, et bien sûr Way out west avec Laurel et Hardy) plaçaient leurs héros dans le cadre westernien, mais laissaient malgré tout l'intrigue assurer la sécurité du genre! Ici... Non. Brooks a tendance à jeter l'intriue avec l'eau du bain... Mais pas trop vite, c'est ça qui est très appréciable.

Le but de Mel Brooks, pour autant, n'est pas (que) de dynamiter le genre à coup de gags, de dérapages, de digressions, d'anachronismes, de parodie. Il a fait tout ça et plus encore, mais surtout il a osé faire de ce film loufoque situé dans l'ouest un plaidoyer anti-raciste où il tire à boulets rouges sur le racisme et l'intolérance fondatrice de l'esprit des pionniers... Comme le dit Gene Wilder à Cleavon Little dans une scène semi-improvisée, "ce sont juste de simple fermiers... Des gens de la terre... fait d'un roc commun dans l'ouest... Tu sais: des abrutis." Et le film sert admirablement cette thématique, sans jamais se tromper de cible, c'est formidable!

Bon, il propose aussi son lot de scènes dont l'humour est basé sur un excès d'un personnage, Hedley Lamarr étant particulièrement sujet à ce type de chose (il a un rire diabolique tellement mauvais que ce ne peut être pris au sérieux), des gags fondés sur la bêtise (Slim Pickens est particulièrement obtus), des parodies ciblées (Madeline Kahn en chanteuse Allemande qui chante faux et mal avec une voix atroce, comme Marlene Dietrich donc), des gags scatologiques (la très célèbre scène écrite par quelqu'un qui a bien vu que les cow-boys, dans l'ouest, mangeaient souvent des fayots en boîte, et donc...), la destruction du quatrième mur, comme le moment où Lamarr parle de sa future nomination aux Oscars, où bien sûr le moment où la bagarre précipite tous les protagonistes sur les plateaux voisins dans les studios Warner, et de petits anachronismes... Et comment oublier l'apparition de Count Basie et de son orchestre, au détour d'un chemin?

C'est donc un classique, généreusement transgressif et souvent jouissif, qui n'a finalement pas perdu de sa verve et de sa vigueur, à l'heure où les vannes de la liberté et de la décence risquent de se fermer aux Etats-Unis... Notons au passage que ce film au titre si absurde et profondément westernien, comme The Naked Spur, par exemple, a été sorti en France sous le titre glorieusement débile de Le shériff est en prison. Ne jamais sous-estimer les distributeurs français sur leur débilité.

 

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Published by François Massarelli - dans Mel Brooks Western Prout