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13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:31

Hitchcock a réalisé trois films en 1957, tous pour la télévision... C'est sans doute que le travail sur le long métrage qui s'annonçait (Vertigo) a posé des problèmes inédits de préparation, mais il se peut aussi que le médium l'intéressait de plus en plus: j'imagine qu'il a été décidé de lui confier la direction et la supervision d'une série afin de retranscrire son style à la télévision, mais il me semble que la série est devenue un laboratoire dans lequel il a puisé de nouvelles idées... Ce film de la série Alfred Hitchcock presents anticipe sur un chef d'oeuvre: Psycho. Il recyclera dans le long métrage cette économie de moyen, cette rigueur et cette évidence de la mise en scène, tournée vers trois objectifs: narration, économie de moyens et effet maximum...

On est prévenu par la séquence d'introduction, comme d'habitude présentée par le maître: "il s'agira ici de régler un problème: l'épouse". Peut-être faudrait-il dénombrer les cas où le suspense ou les données criminelles tournaient autour du meurtre conjugal (Suspicion, Young and innocent, The Paradine Case, Under Capricorn, Stage fright, Rear window, ou Mr Blanchard's secret, et après cette période, Frenzy... Je suis sûr d'en oublier); mais ce film révolutionne l'affaire en commençant par une séquence, aperçue depuis l'extérieur d'une fenêtre: un mari est excédé par l'agacement verbal constant de son épouse, et la tue dans un mouvement de colère. La musique pren toute la place sur la bande-son, première audace, car la télévision, bien souvent, c'était (et c'est toujours) de la parlote. Ici, le son est utilisé strictement pour des raisons de réalisme, et toute la première partie à l'exception de la dernière minute se passera de dialogue intelligible. Deuxième audace: en une minute, on a tout, depuis le prétexte (ce qui n'excuse rien du meurtre) jusqu'au meurtre lui-même...

Puis le monsieur doit agir et se débarrasser du corps, il va donc le placer dans sa voiture, et partir, la trouille de se faire prendre chevillée au corps... Alors quand un policier l'arrête, il a peur... mais c'est que sa voiture a un problème. Durant tout ce qui va suivre le suspense est phénoménal, bien qu'il ne s'agisse que de discussions entre un policier, un garagiste, et un conducteur... Nous ne pouvons nous empêcher d'être à son côté, bien que nous sachions qu'il a le cadavre de son épouse dans le coffre...

Et quand le danger revient pour lui, nous constatons avec ironie que ce qui risque bien de lui coûter sa liberté, c'est un simple problème mécanique. Le réalisateur, suprème audace, ne nous montrera même pas la coda du film, l'arrestation, car c'est inutile: le visage du personnage principal et sa réaction nous siffisent à comprendre qu'il a perdu la partie...

Ce quotidien nocturne des routes de la campagne Californienne, cette audacieuse assimilation du criminel à un héros, et la façon dont la mise en scène nous embarque avec lui, mais aussi la peur du gendarme (un aspect évident de Psycho), tout ici tient d ela synthèse de l'univers trouble du metteur en scène, et ces 25 minutes sont à leur façon un chef d'oeuvre... noir.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV