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5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 22:42

A Toulon, un cambriolage spectaculaire défraie la chronique...Nous faisons la connaissance d'un couple, les Robineau: Bastien (Pierre Blanchar) est cordonnier, et Adrienne (Viviane Romance) lui reproche une vie qui ne lui convient guère... Il est très jaloux, et le fait savoir quand un gangster, Amédée (Georges Flamant) s'approche d'un peu trop près... De son côté, nous rencontrons aussi M. Victor Agardanne (Raimu), dont l'épouse (Madeleine Renaud) vient de donner naissance à un beau garçon. Distrait, brouillon, il est aussi touchant que confus, et le quartier l'adore. Ce qu'on ne sait pas au début, c'est qu'il est aussi receleur, et qu'en plus il va tuer un homme. C'est Bastien qui sera accusé...

Quel admirable film... On n'attendait pas vraiment Raimu, qui déploie ici tout son talent en incarnant une fripouille, qui glisse lentement mais sûrement vers la lâcheté, et s'enferme dans une fuite en avant qui est d'autant plus fascinante qu'elle révèle, y compris au personnage lui-même, toute une noirceur insoupçonnée. Grémillon a eu la possiblité de s'abstenir de tomber dans un double écueil qu'on pouvait anticiper, à savoir le fait de tout faire reposer sur le gimmick de Raimu en bandit. La retenue du film rend le personnage plus intéressant encore: même malhonnête, le personnage retient son humanité...

Le deuxième risque était de laisser Raimu cabotiner, mais la distance maintenue souvent par le metteur en scène, et la consistance de tous les personnages:Andrex en sale type, Viviane Romance avec bien plus de richesse que dans les rôles de garce invétérée auxquels elle était décidément abonnée, et surtout Blanchar et Madeleine Renaud, tous sont d'une grande véracité. 

Il est vrai que Grémillon, qui a du se voir plus ou moins imposer le film, reste dans l'âme un documentariste, et le film profite souvent de son goût pour la véracité de ses images: promenant occasionnellement ses caméras dans Toulon, il en a ramené des images superbes, mais il a aussi pu sans problème demander à ses acteurs d'incarner des hommes au travail, et le film en est encore grandi. Pas un gramme de trop dans ce film noir modèle, qui réussit à offrir une porte de sortie à ertains braves gens sans tomber dans le mélo. N'empêche, une fois le film fini, on n'en finit pas de repenser à cet étonnant, étrange certes, mais aussi si terriblement humain dans ses égarements, sa noirceur et ses faiblesses, M.Victor. L'un des plus beaux rôles de Raimu.

 

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Published by François Massarelli - dans Jean Grémillon