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10 mars 2025 1 10 /03 /mars /2025 17:34

Un architecte (Mervyn Johns) se rend dans une maison pour discuter d'un arrangement, et en arrivant, il est surpris: bien qu'il ne soit jamais venu, il réalise qu'il est sur les lieux d'un rêve récurrent, qui lui revient en mémoire d'autant plus que tout ce qu'il trouve (la maison, les conversations et les amis réunis dans le salon) y correspond en tout point. Ne pouvant cacher son trouble, il l'explique à l'assemblée, et leur fait part de ses craintes: c'est que le rêve ne se termine pas bien, mais alors pas du tout... Les gens présents rivalisent alors d'anecdotes toutes plus étranges les unes que les autres: un cocher fantômatique, une fête de Noël avec intervention de fantôme, un miroir hanté, deux golfeurs qui continuent à se défier après la mort, et la marionnette maléfique d'un ventriloque...

C'est un film célèbre, qui correspond à une soudaine prise de conscience, aussi bien chez Ealing Studios, que dans le cinéma Britannique dans son ensemble: une fois la guerre finie, les Anglais vont devoir s'ouvrir à un autre type de cinéma que la tendance documentaire qui leur colle aux basques... Avec cette anthologie (le film est essentiellement composé de ces quelques historiettes collées les unes aux autres, sous le prétexte de cette maison dans laquelle tous ces gens se racontent des histoires), le cinéma Anglais (qui a tant boudé Hitchcock, et semble ne considérer Michael Powell et son art flamboyant, que comme un aimable excentrique, s'ouvre donc enfin au fantastique...

Quatre cinéastes pour un film? Ce pourrait être aussi une démonstration de force de la part de la compagnie Ealing, qui aligne en effet Cavalcanti, qui a tourné l'énomre succès Went the day well pour le studio, le jeune Charles Crichton qui a déjà tourné un film (son premier) pour Ealing, et qui reviendra souvent (The Lavender Hill Mob, The Titfield thunderbolt) avant de faire une carrière à la télévision (The avengers) et de faire un dernier film en compagnie de John Cleese (A fish called Wanda), Basil Deaden qui tourne depuis quelques années déjà pour le studio, et enfin Robert Hamer dont ce film est le premier crédit. Il tournera peu, mais il aura surtout l'honneur de réaliser quelques années plus tard le film le plus emblématique de la compagnie, Kind hearts and coronets...

Le ton de chaque segment est spécifique et le film évolue graduellement vers plus de noirceur, culminant dans le dernier sketch, réalisé par le vétéran Cavalcanti. Certaines de ces "nouvelles" cinématgraphiques sont vraiment courtes (l'autre segment de cavalcanti, notamment, ou encore cette étrange histoire d'un homme qui se voir prédire ne mort possible par un cocher de corbillard (Dearden). Les parties les plus intéressantes sont celles de Robert Hamer (The Haunted mirror), qui épouse l'évolution graduelle du film vers l'horreur, mais aussi l'histoire qui sert de fil rouge: car une fois toutes les sous-intrigues passées, ce fil conducteur (dû à Basil Dearden) se mue en une intrigue encore plus folle que les autres...

Le sketch le plus léger (The golfers story) est celui de Charles Crichton, mais il possède un petit avantage non négligeable, en faisant revenir ensemble les deux acteurs de comédie qui nous avaient enchantés dans The lady vanishes, d'Alfred Hitchcock, en fans de cricket (Charters et Caldicott). Leurs deux personnages sont cette fois d'indécrottables joueurs de golf, qui vont se trouver mêlés à une histoire de fantôme traitée avec le flegme le plus Britannique...

Le dernier mot écrit est, inévitablement, une façon comme une autre de décrire ce film assez unique, qui cache quelques trésors en son sein, et qui relance assez efficacement la machine du cinéma anglais là où on l'on ne l'attend justement pas... 

 

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Published by François Massarelli - dans Robert Hamer Boo! Ealing Charles Crichton