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Brighton, 1880; le phramacien Sutton se considère comme un bon citoyen, et d'ailleurs il l'assume pleinement: rigoriste avec lui-même comme (et surtout) avec sa famille, il participe aussi en plein à l'essor de la justice en n'hésitant pas à témoigner, quand la loi le requiert: combien d'épouses qui ont usé de produits pharmaceutiques pour supprimer leur mari a-t-il contribué à envoyer au gibet? Chez lui, il impose une règle de fer et exige de ses enfants, au-delà du raisonnable, une conduite irréprochable: son grand fils n'a pas à rêver à l'amour, il doit l'assister à la pharmacie. La petite rêve d'un cochon d'inde, mais les bestioles qui arrivent à la pharmacie sont destinées au scalpel et à l'expérimentation médicale... Ses filles rêvent-elles de chanter, de faire de la musique? ...Un métier de prostituée.
Dans les parages, un pub est tenu par un couple mal assorti: le propriétaire est un homme brutal, dont l'épouse Pearl a tendance à fricoter avec les hommes du quartier. On jase... Pearl n'en peut plus de la violence dont sn mari est capable en réaction à ses frasques... Une solution se dessine, quand elle se rend à la pharmacie et y trouve le jeune Sutton...
Pink string and sealing wax, soit de la ficelle rose et de la cire à cacheter, les ingrédients utilisés par un phramacien pour sceller un paquet de médicament... Le film est une peinture au vitriol de la société Victorienne, vue du côté de Brighton... A l'écart de Londres, les écarts entre les uns (non les nobles, mais en tout cas un homme que son itinéraire obsessionnel a rendu aisé) et les autres (le peuple qui remplit nuitamment le pub local, les femmes bruyantes, prostituée ou simplement sans trop de scrupules), et au milieu, une sorte de conception de la justice face au crime crapuleux... Mais sans jamais y répondre, ce qui serait trop facile, Hamer pose effectivement, à travers le personnage de Pearl, la question de la légitimité du crime qu'elle s'apprête à commettre. Le ras-le-bol de la violence, chez elle, est un réflexe premier qui justifie l'empoisonnement de son mari et les ennuis sans fin que ça pourrait lui amener.
On retrouve donc dans ce film antérieur à son célèbre chef d'oeuvre Kind hearts and coronets (dont le titre fait d'ailleurs grammaticalement et ironiquement écho à celui-ci), l'idée d'une société à deux vitesses, que le crime va réunir dans le même cauchemar. Mais la société de Brighton, incarnée dans l'insupportablement rigide Sutton (Mervyn Johns), n'est-elle pas tout simplement destinée à broyer Pearl (Googie Withers)? Et derrière cette affaire simple, linéaire voire limpide, dan,s laquelle un crime entraine un châtiment, on voit aussi se dessiner l'éveil d'une conscience féminine. Pas celle de la femme adultère et criminelle, pourtant, non: l'épouse légitime du pharmacien, ainsi que ses filles, commencent à pine à se rebeller contre l'intenable dictature de leur seigneur et maître.
Si les deux films forment un dyptique, il est clair que celui-ci se pare souvent des accents de la tragédie. L'autre est une comédie, mais Pink string and sealing wax n'en garde pas moins un mordant phénoménal.
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