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Ce film est une promenade, et qui prend son temps, dans le Paris de 1927 - 1928, par André Sauvage, cinéaste qui avait choisi le documentaire comme étant son mode d'expression. Un moyen comme un autre d'assumer son envie de cinéma, à travers une vision poétique, calme et posée, des choses.
On y sent une tendresse, une envie de s'arrêter sur la vision des gens; comme Grémillon pas loin de lui, comme Hawks aux Etats-Unis, Sauvage aimait sans doute les gens au travail, dont il capte parfois la concentration, à distance respectueuse... Mais il capte aussi ceux qui, à côté, flânent, et prennent leur temps. Lui aussi, et nous aussi du même coup.
Et comme il vient à Paris par les canaux, on profite de visions poétiques: la lente descente ou remontée d'une péniche à une écluse, restituée en accéléré, semble réussir à trouver le moyen d'être belle, au lieu de ressortir du burlesque par la simple grâce de l'accélération du mouvement; en s'enfonçant dans le Cnal Saint-Martin, le cinéaste voit et nous transmet des rayons de lumière qui viennent d'en haut... C'est d'une grande beauté.
Le film suit le rythme à la fois indolent et sûr des péniches, et nous invite à profiter de ce qu'un artiste ait arrêté le temps, pour laisser sa caméra s'imprégner des images d'une grande ville, donc d'un endroit qui ne peut que changer, et changer encore au gré des époques. Presque cent années plus tard, Paris est toujours Paris, mais ce n'est pourtant pas la même ville... Comme ces plans qui opposent des camions qui s'affairent, et un troupeau de chèvres battant le même pavé Parisien...
Bref: comme Berlin, symphonie d'une grande ville, mais sans sa luxuriance, ce film lent et contemplatif a le culot d'être toujours en mouvement, pourtant... Il se place du côté des observateurs, des traqueurs du détail, des Tati par exemple, ou de Vigo, mais sans l'acidité d'A propos de Nice. C'est un très beau film...
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