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Lors d'une opération critique en Ukraine pour un service secret Américain, le protagoniste (nous ne connaitrons jamais son nom, si ce n'est qu'il est inteprété par John David washington) se retrouve sous le feu d'étranges balles, auxquelles il échappe de justesse... Il se renseigne et une scentifique de la CIA lui explique qu'il a été la cible de balles "inversées", qui ont été trafiquées par une technologie future, et qui sont en fait quasi impossible à éviter. En effet, elles fonctionnent à l'envers de notre temporalité: on sait où elles finissent, mais on ne sait pas dans quel laps de temps on risque d'en recevoir une... Il est alors aiguillé vers une équipe qui travaille justement sur cette nouvelle technologie, dont certains membres sont en fait déjà passés par la nouvelle technologie et ont la faculté de naviguer d'une temporalité à l'autre...
J'ai fait ce que j'ai pu, car comment peut-on résumer un film qui est basé sur une technologie quasiment impossible à concevoir hors du film? ...d'ailleurs, beaucoup de commentaires sur internet prouvent qu'un grand nombre de spectateurs du film n'ont pas compris ce qu'on leur montrait, c'est en dire la complexité. Je dois le dire de suite: ce film d'espionnage d'un genre nouveau, clairement, ne sera pas possible à comprendre dans sa globalité. On le sait depuis le début (dès Doodlebug, en réalité), Nolan est un illusionniste. Son excellent film The Prestige était d'ailleurs un aveu tendre du metteur en scène, de sa fascination pour le fait de tromper le spectateur, essence non seulement de la prestidigitation, mais aussi bien sûr du cinéma.
On ne le comprendra pas, tout bonnement parce qu'on ne le peut pas, pas en tout cas à 100%. La logique de ce film, visionné dans notre monde avec sa temporalité linéaire, repose sur l'acceptation d'un truc impossible, une acceptation qui nous donne accès au reste de l'intrigue. Il nous suffit d'accepter que les héros et certains objets puissent marcher à l'envers, pour apprécier le tour de force. Mais ce n'est heureusement pas tout, car par tant de côté, s'il s'agissait juste de faire accepter (ou non) au public un retournement temporel, à quoi bon? Le "truc", est donc à accepter, et la complexité sert surtout à masquer les invitables failles.
La vérité est que le film nous montre un nouvel aspect d'un thème de Nolan, qui est au coeur de bien des films, à commencer par Insomnia, en passant par les trois Batman, Interstellar, Dunkirk, et surtout Oppenheimer. La notion de service, liée à un sacrifice... Dès la première scène, John David Washington est clairement impliqué dans une démarche qui va le pousser, alors que ce n'est pas prévu par la mission, pour éviter un maximum les morts de civils présents malgré eux sur le théâtre des opérations...Sa lutte contre un terroriste du futur, qui a créé les conditions d'ne apocalypse ingénieuse et folle, lui donne une forte dimension morale, qu'on retrouve bien sûr dans Oppenheimer... Qui est cité en clin d'oeil: quoi de plus logique que de faire allusion au film qui suivra, dans une oeuvre ludique qui s'amuse de la manipulation du temps? Mais le fait est que les personnages, dans ce qui est une intrigue d'espionnage très élaborée, ont beaucoup à gagner et beaucoup à perdre, personnellement, dans chaque aspect du film. Comme si Nolan se refusait à se contenter d'un exercice de style jouissif, mais vide de sens. M'est avis qu'en cachant ces intentions, cette réflexion à la fois riche et subtile sur le fait de servir, de potentiellement donner sa vie pour les autres, derrière une complexité affichée (et comme d'habitude avec Nolan, hélas, cette complexité est devenue un argument de vente du film), fait plus que brouiller les cartes: elle dissimule un peu trop la préciosité du film, et sans doute son originalité. Mais une fois accepté ce prédicat, on peut s'extasier sur la structure suprenante du film, qui s'inverse par bien des côtés (à 1 heure et quinze minutes), et qui adopte une démarche de palindrome, comme son titre...
Et on peut s'extasier aussi sur le paradoxe potentiel du "protagoniste", dont il me semble que la raison précise de cet aninymat du personnage, est cachée de façon impressionnante au coeur, justement, de cette étonnante structure. Pour finir, on ne peut qu'applaudir la façon dont le film, en deux étapes, nous surprend de telle manière qu'on ne pourra que retourner vers lui: "à l'étape, épate-la", pourrait-on sans doute dire.
(note: cet article a été rédigé après une unique vision du film)