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Josey Wales (Clint Eastwood), un homme qui aurait du passer totalement inaperçu, mais qui est né à l'histoire suite au massacre de sa famille par une troupe de nordistes, est un homme en colère, un être humain blessé dans sa chair et dans sa liberté. Sa vengeance est inéluctable...
C'est que le film commence par une scène qui voit l'atmosphère passer d'un lyrisme rural évident (Josey Wales, aidé de son tout jeune fils, commence à labourer sa terre sous le regard bienveillant de son épouse) au drame le plus sombre (une troupe de bandits plus ou moins affiliés au Nord viennent de s'introduire dans le Missouri, et incendient sa ferme après avoir tué sa famille)... Un acte fondateur, qu'on le veuille ou non: après avoir enterré les siens, Wales va paticiper à sa façon à la guerre qu'il avait auparavant évité en intégrant une troupe de Jayawkers, des bandits et des soldats Sudistes qui vivent de pillage en revendiquant d'être loyaux à la cause du Sud. Quand la guerre finie, on leur propose l'amnistie, tous ou presque acceptent, pas Josey Wales...
Bien lui en prend: ses camarades sont massacrés. C'est donc entouré, habité par l'omniprésence de la mort autour de lui qu'il se lance dans une fuite permanente, pourchassé par les autorités et les chasseurs de primes...
La production de ce qui s'avèrera être le deuxième western réalisé par Eastwood n'a pas été de tout repos. Malpaso, la compagnie de l'acteur, avait engagé Philip Kaufman (il est probable qu'Eastwood ne se sentait pas pret à se lancer en tant que réalisateur dans une telle production) pour le réaliser... Mais le tournage n'a pas commencé dans une ambiance satisfaisante pour sa vedette-producteur, et celui-ci a donc pris la décision de remplacer son metteur en scène, afin de mener la production à un rythme plus satisfaisant. L'affaire est célèbre, d'abord parce qu'Eastwood a eu maille à partir avec le puissant syndicat des réalisateurs, et ensuite parce que quels que furent les défauts de Kaufman sur le film, le résultat final est considéré comme un chef d'oeuvre, et même l'un des westerns majeurs des années 70.
Le western n'est pas exempt de lyrisme, depuis les films fondateurs, ceux de John Ford ou James Cruze qui nous montraient la conquête de l'Ouest et l'avancée d'une civilisation (à tort ou à raison, selon les films)... Ce lyrisme s'est déplacé vers des films de plus en plus riches, de plus en plus complexes, et les oeuvres présentant des héros de plus en plus éloignés des contraintes de la loi (Ethan Edwards ou The Ringo Kid, chez John Ford, sont des bandits avérés). La mutation du genre dans les années 60, entre les révolutions stylistiques d'un Leone et le néo-classicisme transgressif d'un Peckinpah, a créé un nouveau genre, un western dans lequel un souci de plus grand réalisme d'un côté, et un sens du baroque de plus en plus affirmé, ont rebattu les cartes. Eastwood vient de lç, comme le prouvait son premier western, l'impayable, et profondément jouissif, High plains drifter...
Mais avec ce film, c'est un autre paire de manches: Opposant à son héros des films Italiens (largement repris dans High plains drifter et dans Two mules for sister Sara, de Don Siegel) un personnage de fermier soudain freiné dans sa tentative de vivre tranquille par une guerre qu'il n'a pas souhaité, Eastwood invente un nouveau personnage, qui cette fois existe au delà d'un simple type. Il a une histoire, une vengeance à accomplir, des ennemis à fuir. Il va construire, presque malencontreusement autour de lui, une troupe de marginaux: Jamie (Sam Bottoms), un autre Jayhawker qui a survécu au massacre; Lone Watie (Chief Dan George), un Cherokee d'un certain âge; Little Moonlight (Geraldine Kearns), une femme Navajo; enfin, deux femmes du Kansas, Sarah Turner (Paula Trueman) et sa petite fille Laura Lee (Sondra Locke) se joignent à la fuite, entre les escarmouches, les dangers divers et l'élimination lasse mais certaine des chasseurs de primes rencontrés en chemin...
L'humour ne manque pas, mais le film est surtout notable pour son admirable grand écart entre le lyrisme picaresque de son épopée inattendue, et la façon dont il nous montre une vision totalement privée de la moindre glorification des faits militaires, des actes de justice, dans un Sud en proie au chaos d'après-guerre... Que le film ait été inspiré d'un roman pro-Sudiste, écrit par un admirateur de la cause du Klan, importe peu: Eastwood en fait sa première grande méditation sur l'engagement et l'héroïsme dans l'histoire Américaine... Un film majeur qui a fait de lui, qu'on le veuille ou non, un réalisateur incontournable.
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