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On appelle ce genre de film la "Screwball comedy", ce qui veut dire à peu près "comédie loufoque" en français. Mais on a plutôt tendance à appeler ça la "comédie à l'Américaine", en prenant le plus souvent un air entendu. A dire vrai, d'authentiques screwball comedies, il y en a eu une poignée, et on se bat pour deux raisons: d'une part, désigner la première (Twentieth century, de Howard Hawks, ou It happened one night, de Frank Capra?)... d'autre part, désigner la meilleure. C'est bien inutile, car je pense qu'il y a un impressionnant ex-aequo: les deux films précités, mais aussi The awful truth (Leo McCarey), Bluebeard's eight wife et Ninotchka (Lubitsch), Ball of fire, His girl Friday, Bringing up Baby (tous de Hawks), My Man Godfrey (Gregory La Cava), The Lady Eve (Preston Sturges) et celui-ci... Impossible de hiérarchiser ces merveilles.
Une jeune Américaine, Eve Peabody (Claudette Colbert) arrive à Paris, et elle a connu des jours meilleurs. Elle est plus ou moins prise en charge par un chauffeur de taxi, Tibor Czerny (Don Ameche), mais elle sent venir une entourloupe et décide de lui échapper. Elle se réfugie dans un réception très huppée, où elle se fait passer pour la "baronne Czerny". Un homme (John Barrymore), soucieux de l'utiliser pour séparer sa femme et l'amant de celle-ci, décide de s'associer avec celle qu'il a immédiatement repérée comme une impostrice... Pendant ce temps Tibor mobilise les taxis de la capitale pour trouver Eve...
Mitchell Leisen, ancien costumier, est un homme doté d'un oeil sûr, et c'est sans doute l'un des films les plus élégants visuellement dans ce genre très particulier... il bénéficie d'acteurs exceptionnels, qu'il dirige d'une main sûre: là où un Lubitsch aurait joué vers encore plus de subtilité, et Hawks beaucoup beaucoup moins (voire pas du tout!), il adopte un ton naturel, posé et dans lequel le texte est d'une grande assurance...
Et pour cause! Le script, adapté d'une nouvelle, est surtout signé de deux très grands scénaristes, dont l'un allait devenir le principal héritier du genre, Billy Wilder (avec son complice d'alors Charles Brackett)... C'est un festival, d'abord, de sous-entendus d'une immense subtilité, d'ironie mordante sur la noblesse (d'autant plus mordante qu'elle est le plus souvent jouée sans aucune marque d'ironie, justement), et ça anticipe sur les grands films de Wilder, en proposant une relecture de Cendrillon: Claudette Colbert, en effet, est une princesse jusqu'à Minuit, ou du moins jusqu'à ce qu'on cesse de la croire... Mais qui est la bonne fée ici, Barrymore ou Ameche? Réponse dans le film, au terme de délicieuses 94 minutes.
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