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Aux Etats-Unis, à une époque indéterminée, nous suivons un groupe d'activites d'extrême-gauche dans une opération à la frontière: ils souhaitent libérer des illégaux d'un centre de détention... La confusion est extrême, et dans ce chaos, une des extrêmistes, qui répond au pseudonyme de Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor) a pour mission d'immobiliser le colonel Lockjaw (Sean Penn), aux commandes du centre... Elle le force à s'humilier sexuellement, ce qui le bouleverse durablement. Après le coup, Perfidia et l'artificier, Pat (Leonardo di Caprio), commencent une histoire d'amour tumultueuse.
Le groupe, qui se fait appeler les French 75, font d'autres actions d'éclat. Lockjaw, obsédé par Perfidia, les suit de près et réussit à obtenir de la jeune femme un rendez-vous: ils passent une nuit intense, qui débouchera quelques mois plus tard sur une grossesse. Après quelques années à élever "leur" fille, Pat et Perfidia se séparent, quand la jeune femme décide de partir pour continuer la lutte à sa façon. Mais elle est arrêtée, et Lockjaw obtient d'elle un grand nombre de renseignements. Pat et sa fille sont désormais obligés de se cacher... Libérée, Perfidia passe la frontière Mexicaine et disparaît...
Durant une quinzaine d'années, ils se terrent en Californie, mais le colonel Lockjaw retrouve leur trace. La petite a bien grandi (Chase Infiniti), mais ignore beaucoup de choses du passé de ses parents. De son côté, Lockjaw, qui tente de se faire inviter dans un mouvement nativiste, blanc, chrétien, protestant, antisémite, raciste et élitiste, souhaite aussi récupérer celle dont il sait qu'elle est probablement sa fille, pour l'éliminer...
Anderson a déjà adapté un roman de Thomas Pynchon: Inherent vice, que j'aime particulièrement, mais qui semble ne pas bénéficier dans son oeuvre de la même cote d'amour que se autres oeuvres. Le roman dont ce film est adapté, Vineland, date de 1990, donc c'est une réserve qui nous permettrait d'éviter d'émettre trop d'hypothèses sur une dimension militante de cette intrigue délirante, dans laquelle les militants d'extrême gauche et les gens de droite qui sont en face, Lockjaw le premier, ne sont pas mis sur le même plan. Certes, entre le faux et le vrai père, il y a un point commun et non des moindres: l'amour absolu de l'un, et l'ambition d'appartenir à une milice fasciste pour l'autre, sont conditionnés à la présence de Willa, une ado de 16 ans qui ignore ce qu'est la lutte politique, mais a le découvrir à la dure!
Et Anderson, comme pour le film dont il était question plus haut, a décidé de mêler le drame et la comédie, une posture qu'il aime particulièrement (c'était déjà le cas dans des films comme Boogie Nights ou encore l'étrange Punch-Drunk Love). Le film est intense, et utilise souvent ce mélange entre la comédie et l'absurde à travers les excès demandés aux acteurs (Di Caprio, Benicio del Toro et Sean Penn ne sont pas en reste), tout en nous assénant un suspense féroce. La bande originale, composée une fois de plus par Jonny Greenwood (pour la sixième fois consécutive), appuie pourtant de façon impressionnante sur l'élément dramatique, en étant très percussive, et en proposant des plages entières de cordes d'une maîtriste époustouflante. Il en résulte un ton excitant et novateur, qui a du faire beaucoup pour le manque de succès du film aux Etats-Unis. C'est un film qui prend des risques...
Mais c'est aussi une vision moderne et inattendue de la comédie comme de la tragédie, qui a enthousiasmé rien moins que Steven Spielberg lui-même. Anderson et son cinéma se réclament des plus grands, mais contrairement à Quentin Tarantino, on n'a pas le sentiment d'un plagiat permanent... Ici, c'est sans doute à Kubrick et à Dr Strangelove qu'il fait penser, mais plus par la dimension défoulatoire et jubilatoire, profondément physique, de son film, que par le style, ou le ton. Car cette histoire rocambolesque, qui va loin très loin, qui joue avec nos nerfs et part dans tous les sens, nous fait rire et parfois nous inquiète, c'est un film qui fait du bien.
Je reviens sur ce que je disais au départ: bien sûr qu'il faut penser à Trump, à son dévoiement profond des Etats-Unis, dans cette histoire qui nous montre une caste de parvenus blncs qui sont obsédés par la pureté raciale. Au vu des commentaires négatifs qui pleuvent sur le film et qui ressemblent au tout-venant trolliste des sophistes qui vomissent devant ce qu'ils ne connaissent pas, le film n'a sans doute pas raté cette cible-là, complément indispensable à une autre oeuvre de notre époque qui montre de manière presque accidentelle un effrayant portrait au vitriol de notre époque, Civil War d'Alex Garland.
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