Etant admis que ce film est la suite du premier, qu'une une suite est généralement inférieure à plus forte raison si la raison d'être en est essentiellement la volonté de capitaliser sur un succès phénoménal, et qu'en prime le film est aussi là pour poser les bases d'un film à sortir ultérieurement (Nommé, bien sur, Back to the future part III!), on devrait en temps normal ne rien avoir à dire de ce deuxième opus. D'ailleurs, je le confirme: la nouveauté du premier, la découverte d'un univers, ici tout est repris, et on va jusqu'à remettre les pieds dans les mêmes évènements... Et c'est justement l'intérêt de ce film, qui aurait très bien pu n'être qu'une passerelle, ou une introduction au troisième film. En lieu et place, ce deuxième chapitre devient un stimulant jeu de l'esprit, compliquant à l'envi avec une certaine virtuosité tout ce qui faisait le sel de la première partie...
On se souvient donc que Marty McFly était parti vers le futur en compagnie de son ami Doc Brown, et de sa fiancée Jennifer, dans ce qui était tout bonnement une fin volontairement ouverte, ne présageant absolument pas d'une suite. Une fois la nécessité de faire une suite admise par tous et toutes, studio comme auteurs du film, il a fallu transformer cette fin en une introduction valide (Malgré des problèmes, dont le fait que l'actrice qui jouait Jennifer avait changé entretemps...), et expliciter le besoin mentionné par 'Doc' Brown de filer vers le futur après avoir réglé les problèmes du passé: il s'agit de la progéniture de Marty et Jennifer... Marty doit donc se rendre dans le futur, ou il va réussir par une série de cafouillages à provoquer des réactions en chaine qui vont rejaillir sur le passé commun de tous: le vieux "Biff" Tannen a en effet surpris une conversation, qui lui a fait comprendre que les Marty et Brown possédaient en réalité une machine à remonter le temps, qu'il a emprunté afin de faciliter la vie du jeune Biff Tannen de 1955; et de fait en conséquence la vie du Marty de 1985 s'en est trouvée profondément altérée. Pour suivre le raisonnement de Doc, la seule solution était de partir à la source, soit en 1955, ce qui permet aux deux hommes de se retrouver au même endroit que leurs alter egos de 1955... Ouf!
On a donc de réjouissantes scènes qui accumulent les paradoxes liés à la situation, et le micro-suspense lié systématiquement au risque pour un personnage de se retrouver face à un autre lui-même... La narration s'est donc densifiée, compliquée, mais le talent de Zemeckis pour rendre les complications plus explicites est de nouveau très utile, le film étant toujours doté d'un sens fluide l'exposition de personnages. Et une fois de plus, la vision de l'Amérique, dans laquelle un malfrat odieux comme Biff Tannen peut effectivement devenir le maitre d'une ville dédiée au crime, et dont le futur passé par les fourches caudines du libéralisme tromphant des années 80 ne peut que livrer aux générations futures une société dans laquelle la justice expéditive finirait par régner. De fait, l'avenir n'est pas rose pour les McFly... et à ce propos, la tentation de faire revenir George et Lorraine, les deux malheureux parents de Marty, en pauvres cloches lamentables, a été la plus forte, malgré le recadrage spectaculaire qu'ils avaient subi à la fin du premier film; et ce, en dépit de la difficulté due à l'absence de Crispin Glover qui avait fortement déplu à la production! On applaudira les stratagèmes pour contourner son absence (Même si on le voit effectivement dans des chutes du premier film)...