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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 19:15

Après le tournage à Londres, ou plus précisément à Pinewood, de son film Arabesque, et de plusieurs scènes de Two for the road, Donen resté en Grande-Bretagne semble s'être énormément amusé à tourner ce film, avec la complicité de Peter Cook et Dudley Moore, auteurs du scénario, acteurs principaux, et pour Moore, compositeur. Le dialogue est savoureux, la situation tout à fait en phase avec les trois courants qui nourrissent le film: le swingin' London et son surréalisme, les années 60 et la transgression, et bien sur l'univers visuel si particulier de Stanley Donen. celui-ci est parfaitement à l'aise avec cette histoire de pauvre cockney (Moore) qui donne son âme au diable (Cook) contre sept chances d'approcher, et de séduire la femme de sa vie (Eleanor Bron). Les sept chances vont être inévitablement gâchées par le diable, qui a de toute façon un intérêt quasiment financier dans l'affaire, puisqu'il est sur le point de gagner le concours qui l'oppose à Dieu: il a gagné plus d'âmes que lui, il lui en faut encore quelques unes avant de retourner en grâce auprès du créateur...

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Si l'essentiel du spectacle (Si essentiellement, intrinsèquement, et absolument Britannique) est dû à l'invention phénoménale et excentrique du duo Cook-Moore, Donen a failli aller au-delà de sa réserve pour signer le film plus avant en y faisant une apparition. La scène a été écrite, mais on ne sait pas si elle a été tournée. Par contre, filmé en liberté totale, s'autorisant avec bonheur à passer du coq à l'âne au moyen de trucs voyants (Le mot magique pour exaucer un voeu est "Julie Andrews!", le moyen de revenir à la lumière est de faire un gros prout bien audible avec la bouche, etc), de mélanger prise de vue réelle et dessin animé, de provoquer la censure en filmant une femme nue hors champ dont la poitrine se reflète dans un miroir bien visible, ou en montrant l'enfer comme un joyeux lupanar, etc... Au contact de ses deux stars qui adorent improviser, Donen s'en donne à coeur joie et va tellement loin, que je suis à deux doigts d'écrire une phrase dans laquelle une autre formule magique commençant par Monty et finissant par Python nous ouvrirait toute grande les portes de l'absolu nirvana de l'humour.

Et pourtant, ce film en aparence si déluré est totalement un film de Donen, qui a su mettre l'accent là où il faut, et fournir, certes avec une grande liberté de ton et une frivolité de tous les instants, une histoire qui renvoie à tous ses films, à tous ces humains face au changement, un changement essentiellement du à leurs désirs. Stanley Moon, comme les acteurs de Singing in the rain, comme la bourgeoise Américaine de Charade, le professeur d'université d'Arabesque, est face à la réalité d'un changement possible, inattendu, et va devoir y faire face. Et en 1967, le fait de se retrouver face à l'emprise des désirs est peut-être nouveau, mais c'est l'essentiel de la vie de tous les jours dans un occident gavé de facilités. Le film n'est donc pas qu'un kaléidoscope malin du swingin' London, c'est aussi et surtout un superbe portrait d'une époque revue et corrigée par le petit bout de la lorgnette de l'absurde. Et comme toujours avec Stanley Donen, laisser libre cours à ses désirs et ses sentiments, y compris (et surtout) en rêve, ne calme pas les frustrations, loin de là...

...Julie Andrews.

 

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Published by François Massarelli - dans Stanley Donen