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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 22:15

Les deux premiers films de Wes Anderson ont le même titre, et pour cause: à l'origine, le cinéaste avait commencé à bricoler, avec ses copains les frères Wilson, un film indépendant en 16 mm noir et blanc qui n'avait pas vraiment pu se faire, et qui avait fini par être montré à Sundance, sous la forme d'un court métrage. Il contait les mésaventures de trois jeunes hommes, qui échaffaudaient des plans délirants afin de devenir des maîtres du crime... Et qui n'allaient pas vraiment plus loin que le cambriolage de la maison de l'un d'entre eux. Aucune méchanceté dans l'intention à la base, mais la forme courte qui était rappelons-le accidentelle avait fini par faire du film un objet bien plus cynique qu'il n'y parait puisque sa brièveté empêchait Anderson de véritablement développer le lien particulier, presque tendre entre les trois losers, interprétés par Owen Wilson, Luke Wilson et Robert Musgreave. Ces trois jeunes, obsédé par le crime, sont en fait de doux rêveurs...

Le long métrage produit par Columbia, et réalisé en couleurs, sorti en 1996, prolonge le court, tout en en reprenant l'essentiel: Dignan (Owen Wilson) et ses plans délirants, conçus pour être exécutés par des gens qui n'apporteront aucun changement au déroulement ultra-prévu déjà inscrit dans sa tête, est forcément un être dont la confrontation avec la réalité est douloureuse. Mais c'est pourtant Anthony (Luke Wilson) que Dignan va chercher dans une institution psychiatrique. Il a souhaité se retirer du monde: contrairement à Dignan, Anthony est celui qui a ouvert les yeux, au moins un peu, sur la vérité brutale: il ne sait pas ce qu'il fait sur terre. Enfin Bob (Robert Musgreave), un fils de riches, sait pourquoi il veut se rebeller: il vit dans l'ombre insupportable de son frère, une brute (Andrew Wilson) au surnom surdéterminé: on l'appelle 'Future Man'. Afin de s'élever, les trois compères montent un coup, en attaquant une librairie. Avec le maigre butin, ils prennent la fuite et vont voir s'effriter leur camaraderie dans un motel au milieu de nulle part, ou Anthony va tomber amoureux... Mais Dignan a d'autres plans: il souhaite convaincre le boss criminel local, M. Henry (James Caan), de l'engager afin de faire un coup...

Anderson a coutume de dire que ce film est celui de ses longs métrages qui divise le plus les commentateurs. C'est aussi le moins typique, même si son univers fait de décalage, de symétrie, d'une netteté graphique exceptionnelle et d'extrême lisibilité se met déjà en place. Surtout, ses personnages si complémentaires et si doués pour la tragi-comédie, sont de la même famille, de la même excentricité -surtout Dignan, il est vrai- que bien des protagonistes à venir. Et ce mélange de burlesque, de comédie de situation, de parodie de film de gangsters, et de road-movie au second degré est attachant par sa sensibilité toujours tendre et complice... La façon dont Dignan assume enfin sa condition à la fin du film, est en particulier très touchante.

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Published by François Massarelli - dans Wes Anderson Criterion