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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:42

His new job est donc le premier film pour la compagnie Essanay, et on sent que Chaplin a pu prendre son temps pour préparer ce film, qui renvoie directement au style établi chez Sennett dans The new janitor, mais fait cette fois l'économie des actes héroïques. Chaplin est donc embauché (Suite à une compétition avec Ben Turpin pour être le premier interviewé) par un studio de cinéma, pour être assistant accessoiriste d'abord, puis acteur (!). le film repose d'une part sur la dynamique de l'éléphant Chaplin dans un magasin de porcelaine, d'autre part sur l'observation: le metteur en scène, désormais son seul maître, s'en donne à coeur joie pour creuser des gags basés sur les situations liées à l'endroit. De fait, la mise en scène épouse, plutôt que le mouvement, la scénographie liée aux espaces: chaque partie du studio est d'ailleurs filmée d'un angle immuable, comme si Chaplin s'interdisait d'utiliser la caméra pour faire des digressions. L'ensemble est d'une grande lisibilité, et le montage lie de façon géographique chacun des lieux aux autres, les personnages sortant et entrant à droite et à gauche, comme au théâtre.

Une exception toutefois à l'immobilité constatée de la caméra: avec son nouveau chef-opérateur (Rollie Totheroh, qui restera jusqu'à 1948...), a utilisé une série de travellings lents, avant et arrière, appelés à l'époque "Mouvements Cabiria" en raison de leur présence remarquée dans le film épique du même nom de Giovanni Pastrone (1914). Une caméra qui bouge, ce n'est pas autre chose qu'une rareté chez Chaplin. Sa principale matière première, c'est l'acteur, et bien sur lui-même. Il est excellent, bien sur, vampirisant chaque plan, mais il a sur s'entourer avantageusement: parmi les acteurs, on remarquera Ben Turpin, l'acteur qui louche, qui a droit à un crédit à la même hauteur que Chaplin lui-même: on sent le metteur en scène à la recherche d'un partenaire, ce qui lui passera. Sinon, Charlotte Mineau joue la grande actrice (A tous les sens du terme) mais ne fera jamais suffisamment figure d'héroïne pour Chaplin, qui n'a pas encore trouvé la grande Edna Purviance, dont il fera son actrice principale sur un grand nombre de films. Leo White compose deux silhouettes, sur les deux bobines de ce film, et on le reverra sur la plupart des films Essanay. Bien sur, il convient de la mentionner: la dactylo qui travaille au fond de la pièce dans le premier plan, n'est autre que Gloria Swanson. Tous ces acteurs ont donc du suivre Chaplin à Chicago, y compris Swanson qui n'apparait que quelques secondes.

 

Ce film très sagement construit se démarque donc de la production Sennett par son absence de frénésie, presque par sa sagesse. le propos tend un peu à se perdre, on aurait aimé plus d'interaction notamment avec Turpin, mais il est clair que Chaplin a déjà une grande part de son style en mains, et il va bientôt pouvoir continuer à expérimenter, tout en affinant plus avant son personnage. Voilà quels vont être les enjeux de son contrat avec l'Essanay.

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet