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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 22:21

On est bien peu de choses... En 1931, la Paramount et la MGM se livrent une lutte acharnée pour la suprématie du cinéma que l'on se devra de qualifier de sophistiqué, un mot qui veut tout, et rien dire en même temps... Aux premières loges, Garbo et Dietrich, les deux femmes aux vies sexuelles aussi mystérieuses que perturbantes, aussi floues que permissives, et pour les servir, des films qui sont autant d'écrins...

A ce stade, Marlene Dietrich gagne au moins sur deux tableaux: D'une part, la Paramount croit en elle, et d'autre part, elle est protégée par son amitié et son exclusivité pour le réalisateur Sternberg, pas Garbo, qui n'a pas pour elle de réalisateur attitré, et doit se fier uniquement à sa chance. Elle n'en a d'ailleurs pas beaucoup en 1931: c'est l'année de Mata Hari, de George Fitzmaurice. Pas un chef d'oeuvre, non, mais un film, disons, notable...

Mais la réaction de la Paramount est plus qu'intéressante: Sternberg met en chantier un film qui, de véhicule un peu impersonnel (Une espionne Autrichienne se meurt d'amour pour l'homme qu'elle a suivi et qui a failli la faire arrêter, elle lui permet de s'évader en pleine guerre, et va devoir répondre de son acte), se mue en tragédie érotique: Marlene Dietrich semble vivre pour Victor McLaglen un amour exclusif, malsain, qui exclut toute autre considération, aidée par la mise en scène exceptionnelle de Sternberg.

Ce dernier laisse comme deux ou trois ans auparavant, avant le grand cataclysme du parlant, parler l'image autant que possible, dans des scènes qui brillent autant pour leurs non-dits que pour le baroque qui s'y déploie; une fête où tout le monde est masqué, par exemple, voit les protagonistes (Dietrich, McLaglen, Warner Oland) ne communiquer que par gestes... et pas serpentins. La lenteur calculée, sensuelle et fataliste, mène immanquablement à la tragédie: le film s'achève, bien sûr, sur une exécution inoubliable. Un dénouement dans lequel le cinéaste abat, de façon inattendue, une carte pacifiste, provoquée par l'affection d'un jeune sous-officier pour celle qu'il a pour mission de tuer...

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Josef Von Sternberg