Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 09:18

Foxy et Felicity sont deux renards qui s'aiment: un jour, Foxy apprend de sa compagne une bonne nouvelle, à un fort mauvais moment: ils sont pris au piège dans une ferme remplie de volailles appétissantes. Apprenant qu'il va être père, Foxy jure à la jeune renarde d'abandonner cette vie de vagabondage et le vol de poules... Passent plusieurs années: Foxy est chroniqueur frustré dans un journal local, Felicity mène son ménage avec douceur, et leur fils Ash est, comme ce sera souvent répété dans le film, "différent". Petit, peu sur de lui, inadapté, colérique... Deux événements vont se dérouler qui auront des conséquences non seulement sur la famille, mais aussi sur toute la campagne, autant dire l'univers. Foxy trouve une maison idéale, qui a le malheur de faire face à trois fermes qui produisent tant de bonnes choses que la tentation va être difficile à combattre; et le cousin d'Ash, Kristofferson, vient s'installer pour quelques semaines, provoquant rapidement la jalousie du fils de famille... Entre un fils qui va devoir enfin trouver qui il est et défendre son pré-carré face à un cousin flamboyant et à qui tout réussit, et un père qui redécouvre les joies essentielles (Et salissantes) de la vie d'un prédateur, comment la situation va-t-elle évoluer?

Après la sortie de The life aquatic with Steve Zissou, et peu avant celle de The Darjeeling Limited, l'annonce de l'adaptation par Wes Anderson de ce roman célèbre de Roald Dahl avait de quoi déconcerter. D'une part parce que tous les films du metteur en scène avait jusqu'à présent été basés sur des idées (O combien) originales, d'autre part parce qu'on n'associait pas a priori Wes Anderson au monde de l'animation, et enfin et surtout parce que pour l'essentiel son cinéma est plutôt adulte, consacré à des crises de la vie, des familles dysfonctionnelles, ou encore des moments-clés ou embarrassants de la vie des grands... Mais une fois le film arrivé, force est de constater qu'on avait tort sur tous les points: d'une part, l'argument de Dahl convient à merveille à Anderson, qui a en compagnie de Noah Baumbach écrit une adaptation à la fois fidèle et très personnelle. Le monde de ce Fantastique renard, interprété par George Clooney, Meryl Streep, et les habitués Jason Schwartzmann, Michael Gambon, Willem Dafoe, Owen Wilson (Pour une très courte apparition) et bien entendu Bill Murray, est bien cet univers parallèle, aux arrangements de paysage symétriques et si esthétiques, avec ces adultes en questionnement et ces ados qui souffrent... de façon toujours aussi drôle. Film d'animation oblige, toutefois, à la fin les choses rentrent dans l'ordre pour nos renards qui ont tous fini par s'accepter tels qu'ils sont...

Dahl était bien sur Gallois, Anderson est Texan, et le monde du film doit autant à l'Angleterre (L'accent de Michael Gambon) qu'à l'Amérique (Le rat et son accent sudiste, le Whack-Bat qui ressemble plus à une version du base-ball qu'au cricket)... Enfin, toutes ces tribulations sont mises en musique par Alexandre Desplat, qui s'est plu à pasticher les partitions de Morricone pour Sergio Leone, mais on a droit à une solide dose de rock des années 60, donc tout va bien. Et la cerise sur le gâteau, c'est que ce film superbement mis en scène est une joie esthétique permanente, avec une animation constamment inventive, et nerveuse: Il fallait du rythme pour se glisser dans la peau des renards, dont le calendrier utilise d'ailleurs deux types de tempos: ils comptent leurs années en temps "renard" et en temps "non-renard", suivant la conversation.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Wes Anderson Criterion George Clooney