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6 mars 2025 4 06 /03 /mars /2025 22:25

Avec ses égarements, ses redondances et son slapstick largement improvisé, A night out est un film mineur dans la carrière de Chaplin, qui se cherchait donc encore après la réussite de His new job. Ici il  semble adapter les formules de Mack Sennett à sa rigueur en matière de décor, telle qu'il l'a expérimentée notamment sur Dough and dynamite (1914): ainsi, le film se déroule-t-il dans des lieux indentifiables, et filmés systématiquement sous le même angle. Mais le problème est ailleurs: il s'agit, une fois de plus, d'une histoire de beuverie, partagée entre Chaplin et son complice Ben Turpin, dont on dira simplement que si l'argument rappelle The rounders, tourné avec Arbuckle pour la Keystone, Turpin n'est pas Arbuckle. Et l'histoire, si l'on peut dire, est tout sauf claire...

Mais peu importe: d'une part, ce film qui a beaucoup souffert des outrages du temps n'est sans doute qu'une étape pour Chaplin, qui va faire beaucoup mieux bientôt; de plus, il a trouvé une actrice intéressante, en la personne de la jeune Edna Purviance qu'il se plait à filmer ici, et dont on sait qu'elle va rester très longtemps. Outre Turpin, qui ne restera pas longtemps à ses cotés, il a trouvé un méchant intéressant en la personne de Bud Jamieson, qui préfigure, en moins spectaculaire, le formidable Eric Campbell, qui sera l'ennemi de Chaplin à la Mutual. Sinon, Leo White continue à camper les comtes barbus et vaguement ridicules, on le reverra souvent.

Reste donc un film qui ressemble beaucoup à un exercice dans lequel l'auteur se cherche ouvertement, et qui le pousse à se répéter, et tenter ça et là une nouvelle approche, un peu au hasard. On se doute qu'il devait à cette époque combiner une approche de scénario, peut-être même écrit, avec déjà une tendance à l'improvisation, probablement facilitée par le recours à des gags souvent un peu faciles... Bref: le génie se cherchait encore.

 

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin Muet