Lorsqu'en 1939, Stagecoach est sorti, le public a pu avoir le sentiment que Ford était en quelque sorte de retour chez lui, après avoir quitté le western en 1926 avec Three bad men.. Du reste, à la Fox entre 1920 et 1926, seul un autre western de Ford, vendu comme un film de prestige plutôt que sous le patronage de ce genre mal considéré, était sorti: The iron horse (1924). Donc, entre 1926 et 1939, Ford a tout fait ou presque: seuls trois genres ont échappé à son savoir-faire, le western donc, le musical et le film fantastique. Pour le reste, films d'aventure en tous genres (The black watch, The lost patrol, Air mail), évocations de l'après-guerre (Four sons, Pilgrimage), films dramatiques et historiques (Arrowsmith, The prisoner of Shark Island, Mary stuart), chroniques et drames Irlandais (The informer, The plough and the stars), films d'aventures exotiques (The hurricane), comédies (Judge priest, Steamboat round the bend), films de gangsters (Reckless, Up the river) et films de guerre (Seas beneath, Submarine patrol)... Mais si le réalisateur est surtout à l'aise dans le western, son savoir-faire est souvent intact, et certains de ces films, aussi mineurs soient-ils, valent la peine d'être vus, sans parler de ceux qui ont été établis à l'égal de ses chef d'oeuvres de l'ouest, notamment les trois films avec Will Rogers.
Four men and a prayer fait partie de la veine la plus légère de Ford; on y est loin de l'ouest et de la cavalerie, voire de l'Irlande. Cette histoire de famille unie
qui cherche à laver l'honneur d'un homme mort trop tôt, en distribuant des baffes au passage, ne lui ressemble pas beaucoup, et le film a mauvaise réputation. C'est pourtant un spectacle souvent
plaisant: quatre frères d'une noble famille Anglaise souhaitent laver l'affront fait à leur père, qui a été conduit à démissionner de l'armée suite à une manipulation. L'homme est mort, mais ses
quatre fils ne croient pas à son suicide, et flanqués de la fiancée de l'un d'eux, les quatre fils enquêtent: George Sanders, Richard Greene, David Niven et William henry, assistés de
Loretta Young: celle-ci se greffe sur l'équipée, mais se révèlera finalement intimement liée au drame, sans qu'elle en ait eu l'idée auparavant. Le scénario, prétexte à montrer les quatre frères
aux prises avec le monde entier, ressemble souvent à un rève, dans lequel il ne faut chercher ni logique ni vraisemblance. Trois acteurs Fordiens récurrents ont des rôles plus ou moins
importants: Barry Fitzgerald, qui déclenche une homérique bagarre dont je suis sur qu'elle n'était pas dans le script, John Carradine et Berton Churchill. Et les quatre frères sont des
chamailleurs invétérés, les trois plus grands s'en prenant sans cesse au plus jeune pour un bizutage permanent que n'auraient renié ni Victor McLaglen, pour l'ensemble de son oeuvre, ni John
Wayne en Ethan Edwards... Plaisant, donc, et terriblement distrayant.