Production troublée, due à une collaboration entre les "Archers" et David O. selznick, Gone to Earth, connu sous le titre La renarde en France, a une histoire peu banale. Il est aussi le témoin des limites commerciales du cinéma Britannique, qui a définitivement beasoin en cette fin des années 40 (Et la situation n'a pas vraiment changé) du système du cinéma Américain pour garder la tête hors de l'eau; le film est donc né d'un arrangement, Powell et Pressburger bénéficiant d'une distribution aux Etats-unis sous la houlette de Selznick (Qui n'est pas la MGM ou la Paramount, rappelons-le, c'est un indépendant), et en échange vont utiliser les talents de Jennifer Jones, sous contrat avec le producteur... our le reste, les acteurs (Esmond Knight, David Farrar), les décors (La frontière Anglo-galloise), et les techniciens et artistes (Brian Easdale, Christopher Challis) sont les collaborateurs habituels du duo.
Hazel, la fille d'un vieil homme qui bricole un peu de tout (Il confectionne les cercueils et joue de la harpe aux mariages...), vit dans un taudis en pleine nature, et s'attache à tous les animaux qu'elle rencontre, en particulier avec une renarde, qu'elle a nommée Foxy, qu'elle tente de préserver des chasses fréquente des nobles du coin. Elle souhaite se marier, et est très attirée par un noble local, mais a de sérieuses réserves en rapport avec ses habitudes de chasse au renard. Elle trouve à se marier avec un pasteur qui lui est entièrement dévoué, mais le mariage sans amour va la précipiter dans les bras du Lord, et le drame sera inéluctable...
On est partagé par ce film, baroque au plus haut point, marqué par les excès en tout genre: excès de rouge et d'orange, crépuscules et scènes au coin du feu, excès de comédiens (Jennifer Jones en rajoute dans le registre sauvageonne); l'intrigue porte à la fois la touche Selznick, avec une Jennifer Jones réminiscente de Scarlett O'Hara, mais renvoie aussi aux outsiders de Michael Powell, anticipant un peu sur Age of consent... Les images sont du plus beau Technicolor, certes, mais on est loin de la beauté et du sens du sacré de The red shoes ou Black narcissus. Gone to earth inaugure une période expérimentale durant laquelle les deux complices Powell & Pressburger vont tenter de renouer avec le succès populaire (L'étrange Elusive Pimpernel) tout en se lançant dans des entreprises extravagantes (Tales of Hoffmann). Mais le contrat avec Selznick leur a joué un bien mauvais tour, qu'ils auraient toutefois du anticiper: le producteur étant mécontent du film, il en fit retourner une large part pour le marché Américain, avec la complicité de rien moins que Rouben Mamoulian... chacune des deux versions a ses fans, aucune n'est un chef d'oeuvre...