Déja auteur de trois longs pour le cinéma (Et de trois suites pour la télé, le monsieur a du métier), une adaptation de Jane Austen (Pride and prejudice), un beau mélo en costume (Atonement) bien dans la ligne de son maitre David Lean, un mélo contemporain (The soloist) plus gauche (Et américain), le Britannique Joe Wright s'attaque au film d'action, en poussant la stylisation au maximum. Le résultat est intrigant, ressemble beaucoup à un rêve, et doit tout son punch à une actrice en état de grâce, la jeune Irlandaise Saoirse Ronan, déja vue dans Atonement, mais surtout dans le magnifique The lovely Bones de Peter Jackson.
Esthétique... Mais surtout féministe: il y est question, sans pousser trop loin le bouchon de l'explication puisque Wright a décidé de se passer de trop en dire, de fécondation expérimentale de super-soldats, mais sans qu'un quelconque rôle de géniteur soit évoqué. Et Hanna est justement un super-soldat féminin, frustrée toute sa jeunesse d'avoir grandi sans sa mère, et qui a soif de parcourir le vaste monde, en distribuant moult bourre-pifs sur tout ce qui bouge, en particulier quand ça porte des coucougnettes. Après n'avoir développé qu'une seule amitié, avec une jeune fille (Les débats existent pour déterminer si le baiser qu'elle s'échange est lesbien, ou juste un simple bisou d'amitié, au passage), elle finit par se trouver face à son ennemie, incarnée par Cate Blanchett. Les deux femmes, avant d'en venir à leur confrontation finale, ont fait le vide autour d'elles...
L'ironie de la situation est soulignée avec un certain tact par Wright, qui s'amuse beaucoup à faire se correspondre un début en forme d'énigme (Une jeune fille, en peaux de bêtes, chasse le chevreuil par moins 80° dans la toundra, décoche une flèche avant d'achever la bête... avec un automatique) et une fin digne du film noir: lieux sur-connotés (Berlin, un parc d'attractions, etc...), et un choix gonflé: il stoppe le film avant une résolution du personnage principal; Hanna n'appartient qu'à elle-même, pas au public... Quels que soient les défauts occasionnels du film (Musique électronique envahissante, montgane tape-à-l'oeil parfois redondant), ses qualités et son actrice principale (Elle ira loin) emportent l'adhésion. La mienne, du moins...