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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 20:46

Que faire avec Harry Langdon? Après avoir essayé de le faire prendre le rythme insensé de leurs comédies, les metteurs en scène semblent avoir accordé un peu plus de latitude au comédien, qui commence à imposer son style lunaire et lent. C'est tout l'intérêt de ces deux films, dont hélas aucune copie complète n'a survécu:

 

His new mamma (Roy Del Ruth, 1924)

Bien qu'une demi bobine (Le début du film) ait disparu, on voit bien la méthode Sennett en action: deux bobines, un film. Le lien entre les deux moitiés est ténu, parfois juste un prétexte, mais il existe. Langdon a réussi à intégrer son style, fait de lenteur et d'innnocence, sur la première partie. Il y joue un jeune garçon, auquel son père (Andy Clyde) présente "sa nouvelle maman" (Madeline Hurlock). Les gags jouent tous sur la naïveté de Harry, dont la future belle-mère essaie de se faire un dessert.... dans la moitié disparue. Zut. Le reste du film est marqué par des trucs typiquement sennetiens: plage, bathing beauties, dont la jolie Alice Day, et poursuite en voitures folles, tournée à 12 images par secondes.

 

The first hundred years (Harry Sweet, 1924)

Le premier film dans lequel on échappe presque totalement à la frénésie, à l'exception d'une séquence durant laquelle Harry est entrainé dehors par un bouledogue effrayé quil tient en laisse... le film (Egalement incomplet) commence par un trompe l'oeil étourdissant: Harry et une jeune femme se battent contre un bandit, qu'ils mettent hors d'état de nuire, puis s'embrassent. David Kalat assure que ce début est tel quel dans le script, on ne peut donc pas en mettre la rapidité sur le compte d'une hypothétique perte de séquence; de toute façon, le propos sera familial: Harry est un mari heureux et sans histoire, et Alice Day est son épouse comblée. Ils reçoivent de temps à autre la visite d'un ami (dont on apprendra plus tard qu'il est recherché pour divers crimes), et ont besoin d'une cuisinière: ils en essaient deux: une abominable sorcière qui fait peur à tout le monde, et une jolie dame (Madeline Hurlock) qui en a manifestement après Harry. La fin du film se concentre autour d'une nuit de peur, durant laquelle des étranges silhouettes envahissent la maison.

 

Le bien-être domestique, qui sera le thème de The chaser (1928), son plus méchant long métrage, est vu ici selon le style de langdon, pas selon Sennett. D'autre part, le film a considérablement ralenti son rythme, et on sent la patte d'un autre metteur en scène: Harry Sweet a succédé à Del Ruth, et semble avoir laissé Langdon imposer sa marque. Du coup devant les horreurs qui se multiplient, Langdon ralentit, ralentit la cadence, et met un point d'honneur à innover, en particulier en terme de réactions. Du reste, le film est marqué par son innocence: lui qui jouait les obsédés sexuels pour Picking peaches, revient à la maison avec une vamp, à laquelle devant son épouse, il laisse masser ses pieds, sans aucunement penser à mal...

 

 

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet