Ces trois films, dont la qualité varie, témoignet tous de la belle santé des productions de l'équipe Harry Langdon -Harry Edwards-Arthur Ripley: le premier est bien sur la vedette, le deuxième le réalisateur, le troisième le scénariste. Au fil des ans, avec l'aide de Capra, la légende d'un Langdon inepte a poussé les commentateurs à faire grand cas des collaborations de gens comme Edwards et ripley, justement, et à minimiser l'apport de Langdon; c'est pourtant bien le comédien qui est le centre de ces films, et son personnage original joue justement à l'encontre des canons de la comédie burlesque, a fortiori des habitudes de Mack Sennett. Sur les trois films, le meilleur est sans nul doute le troisième.
The sea squawk
Sous ce titre qui renvoie inévitablement à The Sea Hawk, de Frank Lloyd, ne se cache pas une parodie, juste un film assez standard des productions Sennett, situé sur un bateau, avec un vol de bijoux et des gags liés au travestissment, plus, décidément un rite de passage pour tous les comédiens, un singe capucin. Ca se laisse voir sans déplaisir, comme on dit, en particulier pour voir Langdon passer d'un kilt à une robe de damoiselle Sudiste.
Boobs in the wood
Sous ce titre désormais risqué (Mais Boob en 1925 ne voulait pas encore dire "nichon", comme en témoigne le film The boob de William Wellman, sorti en 1926 à la MGM: on n'imagine tout de même pas la firme du lion sortir un film de Wild Bill Wellman sous le titre "Le néné". Ca voulait tout simplement dire "nigaud".), se cache un chouette petit film dans lequel Harry et son partenaire Vernon Dent se disputent les affections de Marie Astaire (Aucune relation). Situé en Californie du nord, au pays des bûcherons en chemise à carreaux, il présente un certain nombre de gags en situation qui sont souvent irrésistibles (Dont une cascade sur un flume, ces conduits pour les rondins de bois) et surtout se conclut sur des séquences qui impliquent un harry soudainement paré d'une légende de tueur, un moyen de protection imaginé par marie Astaire. Par ailleurs, le film prouve que Leo Willis, qui jouait souvent chez Roach et Lloyd, avait ses entrées chez Sennett aussi...
His marriage wow
Le meilleur des trois films, His marriage wow possède d'abord l'avantage de l'unité: cette histoire de ne divise pas radicalement en deux à la jonction entre les bobines, et tourne autour du mariage. La cérémonie, et la vie de couple. De plus, on y voit, de nouveau, Natalie Kingston, déjà aperçue dans Feet of mud et All night long: elle va désormais être la partenaire principale de Langdon, aux cotés de l'inamovible Vernon Dent. celui-ci joue un rôle étonnant de professeur psychanalisto-hypnotiseur, qui précipite le trop crédule Harry dans l'angoisse. Ce qui fait que l'enjeu du film est surtout situé da&ns la tête du protagoniste principal.
Harry Hope se marie: toute la noce l'attend dans une église, alors que lui s'est trompé. Il finit par arriver, ce qui n'était pas une mince affaire (Il demande son chemin à un policier, disparait du champ, et arrive par le fond du champ, pour redemander son chemin au même policier!), et est accueilli par l'un des invités de la noce, l'étrange "professeur" McGloom, qui lui fait comprendre à demi-mot que Harry va être sacrifié par son épouse sitôt le mariage effectué. Bien qu'il essaie de se tirer d'affaire, il est constamment récupéré, jusqu'au moment ou des infirmiers viennent chercher le "professeur", en fait échappé d'un asile.
une petite note au passage: la vue de Langdon, seul dans une église vide, renvoie à un plan célèbre de Seven Chances de Keaton paru la même année. Ce pourrait être la même église, du reste...
Le rythme, comme son personnage, appartient désormais en propre à harry langdon, qui laisse de coté la frénésie coutumière de chez Sennett, pour imprimer son propre timing à l'histoire. j'ai déja mentionné cette digression, qui voit harry langdon perdu revenir inutilement à son point de départ, mais sa lenteur est aussi faite de gestes, comme ce moment ou il comprend au début qu'il n'est pas dans la bonne église, et comme il a donné de l'argent au prêtre, il hésite à partir, revient, repart... Son ineptitude n'est pas de la bêtise, c'est une hésitation constante, une incapacité à prendre une décision. L'influence de Langdon sur Stan Laurel sera considérable...