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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 11:55

Tom Holmes a fini la guerre prisonnier dans un hôpital Allemand, ou on l'a tant bien que mal rafistolé... Mais c'est un homme dépendant à la morphine qui rentre au pays, et il y apprend que sa dernière action héroïque avant de devenir prisonnier a été endossée par un autre. Celui-ci, par remords, lui trouve une situation, mais l'addiction de Tom rendra les choses compliquées, et il est vite licencié. Il trouve à s'établir ailleurs, se fait remarquer par son esprit d'initiative, mais la mort de son nouvel employeur va une fois de plus le précipiter dehors, alors qu'il est marié et père de famille. Tout bascule lors d'une manifestation au cours de laquelle il tente de raisonner ses camarades, mais il est emprionné pour agitation alors que son épouse meurt piétinée par la police...

A nouveau tiré de l'excitante période durant laquelle Wellman était un metteur en scène sous contrat à la Warner, Heroes for sale est une pure merveille à tous points de vue: le metteur en scène (Et le studio) pointent du doigt une situation indigne, comme en écho à la chanson Remember my forgotten man dans Gold diggers of 1933: les vétérans de 1917-1918, aux Etats-Unis en pleine crise, sont nombreux parmi les chômeurs et les vagabonds qui se massent sur les routes. D'autre part, Wellman étant Wellman, il adopte un style coup de poing, avec le génie qui le caractérise, et emporte avec lui le public pour ne jamais le perdre durant les 71 minutes (Des 76 d'origine) que dure le film; il obtient de chaque acteur (Richard Barthelmess, Berton Churchill, Robert Barrat...) et actrice (Loretta Young, Aline Mac-Mahon) une performance superbe: oui, même de Barthelmess, acteur perdu dans le parlant, qui était si terne chez Curtiz (Cabin in the cotton); il est ici un très crédible vétéran perdu en pleine reprise de l'activité par une Amérique oublieuse de ses héros...

 

Mais le film n'est pas que dénonciation, s'attachant à des personnages, concernés au premier chef (Tom Holmes, le héros, son épouse, le lâche Roger qui va précipiter le drame de Tom), mais aussi plus présent pour créer un univers. A ce titre, le trairtement émouvant du personnage de Mary (Mac-Mahon), la fille au coeur d'or qui n'a pas pu avoir le beau gosse, mais n'a jamais exprimé ses sentiments, est extrêmement touchant, et traité avec une immense délicatesse. Si le metteur en scène cède à son penchant virtuose pour masquer les scènes clés (Il cache un vol tenté par Barthelmess derrière la grille de son guichet, obtenant par la même occasion une métaphore de le peine de prison qu'il risque), ne se prive pas de rappeler qu'il est un maitre de l'action maitrisée, dans une scène de manifestation qui dégénère en émeute, durant laquelle Loretta Young a du se couvrir de bleus... Le sens politique du film est celui de la Warner d'alors: sans prôner le communisme (Un personnage de comédie, sympathique immigré communiste, se transforme en le pire des capitalistes durant la fin du film!) ni montrer le plus beau visage du capitalisme, le film montre qu'une nouvelle donne est nécessaire, un nouveau volontarisme, dans l'esprit de collaboration entre les classes. Roosevelt est d'ailleurs cité en exemple, mais on ne m'otera pas de l'idée que Wellman, électron libre et généreux, qui finit son film sur une note amère, n'est pas aussi optimiste que le scénario...

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code