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Dans un petit village Californien, un médecin (Kevin MacCarthy) constate de plus en plus de cas de gens déboussolés qui ne reconnaissent pas leur parent, oncle, enfant, etc... Une étrange créature, ressemblant au brouillon d'un être humain, est trouvée par ses amis, et se métamorphose en son copain Jack, avant de disparaitre... Enfin, les agissements des gens du village poussent le médecin et sa petite amie à prendre la fuite. Une épidémie bien dangereuse, et venue de l'espace, aura-t-elle raison de l'humanité?
Impossible de ne pas évoquer au sujet de ce film le contexte de la "Red scare" des années 50, comme tant d'autres films de science-fiction. Forcément, la peur de cette venue d'êtres qui absorbent nos émotions et nous remplacent par des robots, tous unis par un même idéal, renvoie à la peur de perdre son individualité dans le système communiste fantasmé en ces années de guerre froide. Il y a prescription, et en plus on peut après tout se dire que cette crainte est finalement la même devant toute dictacture. Lorsque l'enjeu, pour les deux héros, devient de rester eveillé pour garder son individualité, c'est une raison de se battre qui renvoie à l'histoire des Etats-Unis et la spécificité de la citoyenneté Américaine, rien de moins.
Mais on est aussi, face à ce film, devant un combat étonnant, de gens qui se battent pour exister, tout simplement: la scène durant laquelle les héros observent le rassemblement des "autres" à l'extérieur, et constatent que tous les gens du village s'arrêtent de vaquer à leurs occupations pour s'occuper de la tâche collective est assez probant. La peur des collectivismes, mais aussi la peur du conformisme est au coeur du débat, rappelons que les trente glorieuses ont été pour les USA le temps du confort, et on sait que le retour de bâton sera incarné par les protestations dans tous les sens des années 60, lorsque la jeunesse va se révolter contre les parents, après des années d'endormissement. Il est donc peut-être un peu facile de limiter ce film à un lecture politique...
Quoi qu'il en soit, ce qui fait la force de ce film, et ce qui en a fait un classique, c'est sans doute son efficacité, depuis la structure en flash-backs, qui autorise une voix off, à de nombreux emprunts au film noir, depuis l'interprétation par des acteurs inconnus mais excellents, à la mise en scène nerveuse de Don Siegel. dans le film, l'action n'arrête jamais, et à partir du moment où Kevin McCarthy arrive en ville, il ne cessera de courir. Un classique, qui joue quand même sur un sujet propice aux débordements (Les "extra-terrestres" proviennent quand même de cosse géantes, il fallait le faire passer!!) mais reste toujours aussi prenant.
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