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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 09:10

Dire de Jet pilot qu'il s'agit d'un film de Sternberg, c'est un peu comme attribuer Gone with the wind à Victor Fleming: on sait que Sternberg y a travaillé, oui, on en a un peu le sentiment devant certaines scènes, mais pour le reste... Comment le réalisateur maudit en est-il venu à travailler pour l'aviateur autocrate Howard Hughes, on peut bien sûr se poser la question, mais la réponse viendra vite: il faut bien manger. non qu'a priori réaliser une comédie sur les rapports tendus entre l'Est et l'Ouest dans les années 50 soit une mauvaise idée, bien au contraire, et on se rappelle de Lubitsch et de son Ninotchka...

Justement: Jet pilot fait parfois penser à Ninotchka, dans son déroulement: il raconte le passage à l'ouest d'une pilote soviétique (Janet Leigh), qui atterrit dans les bras de John Wayne, avant de se révéler une espionne. Le film tourne autour de la séduction, érotique, mais aussi idéologique. Puis de Ninotchka on passe à Comrade X, puisque les deux amoureux s'épousent, et passent à l'Est, où John Wayne pourra sans difficultés aucune démontrer à Janet Leigh que l'Ouest, c'est mieux. L'eau chaude dans les douches, la viande en abondance, tout y passe...

Bien qu'il soit question des amours d'une espionne, ne cherchons pas à comparer ce film à Dishonored, on en est loin. Mes comparaisons avec Ninotchka (Lubitsch, 1939) et son imitation Comrade X (Vidor, 1940) sont tout autant déloyales: ce film n'a ni queue ni tête, et il faut je le pense, le prendre pour ce qu'il est: un mélange hallucinant de comédie sentimentale après tout charmante, relevée de l'érotisme évident d'une actrice, vue aussi souvent que possible en petite tenue dans des plans sensuels... Le film fait aussi, afin d'accentuer l'aspect de comédie, appel à la bande-son: la première apparition de Janet Leigh est accompagnée quand John Wayne et deux copains la voient, du son de trois jets, un par gros plan de réaction des trois balourds Américain... ce qui est un peu gros mais aussi assez drôle. Sinon, un baiser s'accompagne du son de la viande qui frit, ce qui devient asses lourd.

Patrick Brion impute l'aspect "séduction" à Sternberg, comme il est de coutume (d'une part il savait faire, mais aussi, il est de notoriété publique qu'il a été appelé à la rescousse pour "érotiser" Duel in the sun, par exemple), mais il faut rappeler The outlaw, et l'obsession mammaire de Howard Hughes, le tout accompagné d'un message idéologique qui en appelle à ce qui est considéré comme l'évidence, et de scènes d'aviation, parfois longues, très longues, qui donnent lieu à des dialogues amoureux très techniques (Alors là, tu abaisses le levier, et puis tu fais un looping -Oh, comme tu es fort!). Bref, un joyeux n'importe quoi, qu'on peut attribuer à qui bon nous semble, et dont les trois quarts ont attendu dans des cartons pendant 7 ans avant de sortir, puisque le film est resté longtemps inachevé (en fait, on date le début du tournage par Sternberg à 1949). Comme Hell's angels (1930), quoi.

...Oui, c'est bien un film d'Howard Hughes.

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Published by François Massarelli - dans Josef Von Sternberg John Wayne