Kobayashi est parfois un naïf, parce qu'il est en permanence indigné, c'est ce qui fait la force de ses plus grands films... dont à mon avis fait partie ce joyau: dans la lignée de ses films engagés, tourné après la réussite de La condition de l'homme, il détonne en particulier parce que ce nouveau film adopte un ton elliptique, et une narration qui joue avec les flash-backs, et les points de vue, racontant une myriade d'anecdotes qui se réunissent en une intrigue qui laisse pourtant au spectateur peu de chances de se faire sa propre opinion...
Un homme riche se meurt d'un cancer. Désirant mettre ses affaires en ordre, il décide d'organiser sa succession. Il peut laisser une partie de sa fortune à son épouse de 20 ans sa cadette, dont il y a fort à parier qu'elle en convoite l'ensemble; mais il ajoute au partage trois enfants illégitimes, qu'il n'a jamais rencontrés, et sur lesquels il va lancer ses assistants (Parmi lesquels on trouve Tatsuya Nakadai dans ce qui est l'un de ses plus beaux rôles). Tous vont essayer de rafler une partie du magot, et tous les enfants illégitimes vont apporter leurs lots de problèmes... Mais au milieu de tout cela, le patron va vivre une dernière histoire d'amour un peu inattendue avec sa secrétaire (Keiko Kishi, excellente), qui va apporter des développements inattendus.
L'indignation est donc le principal sentiment que Kobayashi nous fasse partager dans son cinéma, et ici, il est particulièrement présent. il faut voir ce film dans lequel les vautours s'affairent autour de la dépouille pas encore tiède d'un homme qui les a tous plus ou moins élevés au rang où ils sont... Et admirer cette mise en scène qui fait feu de tout bois, en livrant clin d'oeil sur clin d'oeil, citation sur citation: Ascenseur pour l'échafaud, Psycho, voire Breakfast at Tiffany's... Kobayashi avait de l'humour, et de la culture, et pourtant ces élégances ne sont que la partie la plus palpable de l'iceberg: son film est à lui tout seul un modèle de construction, de ton, de gestion du point de vue, de direction d'acteurs et la photographie noirissime ne fait qu'ajouter à notre bonheur... Superbe.
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