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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 11:13

Voici un exercice d'équilibriste intéressant et salutaire; après tout, les Etats-unis ont pu avoir All the president's men, en 1977, alors que la démission de Nixon était encore toute chaude, et bien sur Oliver Stone a dégainé son W (Bush), alors que le président était encore à la maison Blanche... Mais attention, le propos de Durringer n'est pas si politique que ça, l'objet n'est pas de débiner, mais plutôt de montrer, par un portrait aussi intime (Et présenté comme fictif) que possible du président en fonction, la relation étonnante entre le pouvoir et l'affectif.

On le voit bien, avec les conciliabules (Chirac-Sarkozy, Villepin-Chirac, Sarkozy-Guant, Sarkozy-Villepin, etc), que même au sein d'un seul et même parti (ne cherchez pas la gauche, elle est aussi

absente du film que des 5 années du deuxième mandat Chiraquien!), les rapports ne sont pas de tout repos, et que tout ça est une affaire de testicules, le mot (ou ses équivalents) étant le plus courant de tout le dialogue du film, Villepin en particulier aime parler d'écraser les testicules des gens... Une façon de souligner que Sarkozy estime que la politique est une forme de viol consenti d'un pays par la victime, et que c'est à celui qui ira le plus violemment. D'où une agressivité sans bornes, un culot énorme. D'où aussi, devant ce film, une impression de répétitivité irritante, mais probablement due à la concentration des scènes fortes. C'est forcément caricatural, puisque cela se veut avant tout une comédie du pouvoir, mais ça débouche aussi sur le touchant drame d'un homme auquel je voue pourtant une haine farouche depuis ses premières prestations télévisées de 1991, et je ne parle pas de Denis Podalydès, mais bien du vrai Napoléon de Neuilly...

L'obsession de Cécilia, le chantage affectif permanent, l'humeur mise systématiquement en mode "pas content", la foi inébranlable en sa supériorité, le fait d'assumer avec conviction et sans états d'âme d'être de droite, très à droite, la conviction qu'un mandat accordé par l'électeur n'est finalement qu'un chèque en blanc, et enfin le règne par la terreur, y compris et surtout si on est un ami, toutes les sales manies du Mussolini des Hauts-De-Seine sont par contre représentées, de façon un peu exacerbées oui, mais avec raison. Denis Podalydès fait un travail fantastique, tous les autres tendent par contre un peu à imiter les marionnettes des Guignols. En plus, l'acteur qui joue Frdéric Lefebvre a l'air intelligent, c'est une erreur de casting...

Voilà, c'est bien mitigé, mais après tout, devant un pouvoir qui se casse la figure et que les élections prochaines devraient balayer (Sans qu'on ait un espoir très aigu de jours meilleurs), rien ne sert de charger la barque: l'actuel président de l'Etat Français se charge assez bien tout seul de régler son propre compte. Reste une impression que pendant cinq années cet homme a bousculé absolument tout, très vite, et que ses dégats sont irrémédiables, et ça le film le montre aussi, insidieusement. Nos destins sont pour l'instant entre les mains d'un manipulateur invétéré à la merci de ses émotions. Elle est pas belle la vie? Non? Tant pis.

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Published by François Massarelli - dans Tout petit tout petit