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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 11:36

Depuis le succès de Rashomon, Kurosawa a fait la preuve de son intéret pour ces périodes d'incertitude politique profonde du japon, dans lesquelles il va chercher un équivalent de la situation contamporaine du Japon. Néanmoins, tout comme Je vis dans la peur a été en quelque sorte une somme allégorique de sa représentation jusqu'alors plus réaliste de l'état d'égarement du Japon vaincu, en perte de repères, ce nouveau film pose une situation qui va plus loin que la geste habituelle. Ici, l'importance du chaos est primordiale, et à bien des égards le film en est une description. La présence comme argument d'une des pièces les plus désespérées de Shakespeare, et la volonté de Kurosawa d'aller plus loin après la plénitude des Sept samouraïs, en commençant une trilogie (Dont les volets suivants seront Les bas-Fonds et La forteresse cachée) qui met en avant des individus, font de cette nouvelle étape un volet fascinant de l'oeuvre. de plus, la perfection formelle du film provoque, et ce partout ou il est montré, un respect enviable...

 

Deux généraux d'un clan triomphal font une étrange rencontre après une bataille, celle d'une femme fantômatique qui leur promet une destinée grandiose. Ils semblent s'interroger, mettent en doute l'ambition qu'on leur décrit. Mais les prédictions s'avèrent vite juste, et l'un d'entre eux, Washizu (Toshiro Mifune), va dévier de sa noblesse et de sa loyauté, en tuant son maître, puis son ami Miki et en se lançant dans une fuite en avant vers le pouvoir, l'isolement, et la folie.

 

Dans ce qui est une somme de son style et un parfait résumé de son approche du Japon Féodal, cette période de chaos, Kurosawa tente, et réussit la quadrature du cercle: utiliser Shakespeare, lui rendre justice, tout en préservant à son film une approche visuelle; utiliser le barde de Stratford et sa thématqiue de la folie rencontrée sur le chemin de l'ambition et du pouvoir, à travers l'âpre Macbeth, tout en réussissant un film qui emprunte au théâtre Noh, d'essence constamment Japonaise. ce faisant, il joue avec génie sur l'artifice (L'anecdote semi-fantastique des arbres qui bougent dans la brume), sur son utilisation de la nature, avec toujours cette sensation de pouvoir toucher la boue, voire de se faire éclabousser par son film... Un grand moment, donc.

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Published by François Massarelli - dans Akira Kurosawa Criterion