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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 12:07

Après un film controversé (La piel que habito), mais qui reste l'un de ses plus intéressants à bien des égards, Almodovar s'autorise une sorte de pause, en forme de retour en arrière: retour pour commencer tant dans la thématique que dans le style. Une comédie, donc, truffée de provocations en tous genres, et confectionnée, une fois n'est pas coutume, avec l'aide d'effets spéciaux. Pas de film-matrice derrière l'intrigue cette fois, mais comme dans Volver qui prenait comme point de départ un synopsis inspiré d'une histoire entendue dans La fleur de mon secret, Les amants passagers est le titre d'un film dont on voit l'affiche dans La Mauvaise éducation... Par ailleurs, on assiste ici à une parodie évidente des films catastrophes, façon The high and the mighty, de Wellman. Comme ce dernier, le film d'Almodovar se passe pour l'essentiel de l'intrigue dans un avion en route pour le Mexique, mais un souci technique va obliger l'appareil à faire du surplace en attendant qu'une piste d'atterrissage soit disponible pour l'accueillir. Pendant ce temps, une passagère douée de pouvoirs de prédiction met la pagaille en disant qu'elle a pressenti de gros problèmes à venir pour la plupart des passagers; elle a aussi, sur une note plus privée, ressenti la certitude qu'elle allait perdre sa virginité dans l'avion. De leurs côté, l'équipage composé de deux pilotes et trois stewards (Tous les trois gays) va distribuer et consommer moult produits euphorisants, et un pilote va faire son coming-out de façon assez spectaculaire. Quant aux autres passagers, certains vont changer radicalement leur vie, d'autres vont changer leur façon de voir, et d'autres vont avoir des rapports sexuels dans l'avion...

La presse a été plutôt maussade sur le film, pourtant cohérent et soigné. La durée plutôt courte du film (90 minutes), l'apparition d'un grand nombre d'acteurs d'Almodovar (Lola Duenas, Cecilia Roth, ou encore Antonio Banderas et Penelope Cruz, une fois de plus enceinte, pour une petite apparition tous les deux), son côté "accessoire" (une comédie légère, impertinente et auto-référentielle) ne doivent pas nous faire oublier d'une part que la rigueur acquise par Almodovar, surtout depuis l'écueil de Kika, est bien au rendez-vous, et que cette accumulation d'expériences, bien qu'interrompue comme aux temps héroïques des 80s par un numéro musical hilarant (Et plus gay que jamais, on ne se refait pas!), sonne comme un échantillonnage concentré des thèmes de prédilection de Pedro Almodovar, certaines anecdotes auraient après tout pu être développées en des films à part entière: l'acteur qui fuit les femmes sur lesquelles il a une désastreuse influence, l'ex-star du porno qui tombe amoureuse du tueur payé par une épouse trompée pour la tuer, ou encore bien sur l'adorable Lola Duenas en fil conducteur, un Puck qui aurait autant à gagner de l'expérience que les gens qui l'entourent, et qui découvre la sexualité dans un avion en perdition, preuve que la vie continue en toutes circonstances, et qu'il ne faut surtout pas oublier ni la bonne humeur, ni le sexe.

Sage vision des choses.

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Published by Allen john - dans Pedro Almodovar