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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 16:22

Pour son quatrième film à la Mutual, Chaplin continue à brouiller les pistes et se diversifier, en réalisant ce qui est presque... un solo. Il interprète pour la première fois depuis longtemps un homme aisé qui rentre chez lui fortement imbibé, et veut se coucher. ce qui aurait du être anecdotique se transforme en une lutte acharnée contre les objets de la maison, qui ont une furieuse tendance à faire le contraire de ce qu'on attend d'eux. Forcément, le décor de ce film jouera un grand rôle, puisque comme les autres Mutual, Chaplin avait besoin de définir un prétexte à rebondissements. A l'escalator de The floorwalker succède un décor de maison, avec ses deux escaliers, son balancier menaçant en haut des marches, ses animaux empaillés et ses peaux de bêtes un peu partout, et bien sur rien n'est simple.

 

Le film présente un paradoxe propre à Chaplin: alors qu'il a si souvent interprété un vagabond qui s'adapte de façon inventive et décalée à toute situation ou presque, dès qu'il interprète un homme aisé comme ici, les objets les plus divers ne fonctionnent pas. On a soit un homme dénué de tout qui fait fonctionner son petit système D personnel, soit un monsieur auquel ses moyens permettent d'avoir accès à tout ce qu'il veut, mais qui n'est pas en mesure de s'en servir... L'art de la pantomime selon Chaplin est bien sur à l'oeuvre ici, avec son goût pour les rôles d'ivrogne, mais d'ivrogne qui possède, mais oui, une classe folle. tout porte à croire que le seul accessoire factice du costume de Chaplin soit ici sa moustache. même sa démarche, quoique altérée par l'abus de liquides, est naturelle.

 

le film est donc intéressant, mais soyons honnêtes, il en va de ce petit film dans lequel le héros met deux bobines de film à monter un escalier pour se coucher dans une baignoire, comme de ses précédentes incursions dans ses petits souvenirs du music hall Anglais, A night at the show en tête: ce n'est pas forcément ce qu'on veut voir. on pourra s'extasier, parler de cet extraordinaire sens de la précision, du timing de Chaplin, de sa faculté à doter les objets (et les animaux empaillés, symboles absolu du mauvais goût Californien dans toute sa splendeur) d'une vie propre: rien n'y fait, ce film est quand même un brin ennuyeux, non? Chaplin ne reviendra à cette formule que partiellement, dans la deuxième bobine de son court métrage First National Pay day, en 1922, qui le verra rentrer chez lui saoul, et soucieux de ne pas réveiller son dragon d'épouse. Pas un chef d'oeuvre non plus, du reste...

 

Pour finir, je 'explique sur le "presque" du premier paragraphe: ce film n'est donc pas un solo, puisque Chaplin est accompagné durant les deux premières minutes d'un chauffeur de taxi, qui ne fait rien d'autre que de tendre la main. c'est Albert Austin, lui aussi est venu avec sa moustache, et elle aussi est factice.

http://28.media.tumblr.com/tumblr_krj9gp7HsB1qzdvhio1_r1_400.jpg

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Published by François Massarelli - dans Charles Chaplin