
Le quatrième film d'Almodovar est bien sur bien en phase avec sa période de provocation, de ses années Movida, et cette histoire de mère de famille qui tente de joindre le deux bouts, dont la famille dysfonctionnelle est en particulier bien représentée par la belle-mère un peu fantasque, les deux fils, l'un dealer, l'autre homosexuel (amateur d'adultes!!), et bien sur le mari volage et vulgaire. La tendance à dépeindre une faune un peu bigarrée est contrebalancée par la clarté du récit, qui tourne autour d'un certain nombre de frustrations (Le flic impuissant, l'écrivain à la recherche du parfait faux, l'envie d'exil pour la prostituée Cristal, etc), qui viennent en écho du ras-le-bol de Gloria, l'héroïne du film interprétée par Carmen Maura. A la provocation, vient s'ajouter déjà une tendance à la ligne claire dans la mise en scène, qui aboutira dans quelques années à la beauté que l'on sait dans Talons aiguilles, La fleur de mon secret et d'autres.
Bien sur, l'impression générale devant ce film parfois gentiment culotté est que l'Espagne populaire (Tout le film ou presque est situé dans une banlieue défavorisée de Madrid ne tourne pas très rond, et le meurtre qui est représenté dans le film est un point de non-retour moral, qui aurait pu conclure le film sur une note dramatique. Mais au lieu de cela, il représente un point de départ, la personne qui a tué s'en sortant indemne. Faut-il y voir une métaphore politique? Pourquoi pas? Et d'ailleurs, le principe du meurtre symbolique du chef de famille reviendra, en plus flamboyant, dans Talons aiguilles, puis à nouveau dans Volver. Tiens donc!