Situé au tout début de la période dorée durant laquelle Curtiz devient l'un des incontournables de la Warner (les autres "grands" sont William Wellman, et Mervyn Le Roy. Sinon, les solides artisans que sont Archie Mayo, Roy Del Ruth ou Lloyd Bacon sont souvent mis à contribution, et bien sur d'autres vont et viennent, dont un jeune Howard Hawks....). C'est aussi cet étonnant moment durant lequel les studios louvoient constamment entre une tentative de censure tatillonne et leur envie de repousser les limites permises. Peu de choses pourtant affleurent dans ce drame un peu raide, adapté d'un roman de james Oliver curwood, et situé comme il se doit dans le Nord Canadien: Deux hommes (Un "mountie", Connie, interprété par Charles Bickford et un civil, J. Farrell Mc Donald) sont à la poursuite d'un meurtrier, Keith. Ils le trouvent, il leur sauve d'ailleurs la vie. Mais il est surtout le sosie de Connie. celui-ci meurt durant le voyage de retour, et Part (McDonald), pris de sympathie pour le héros, accepte d'être complice de son changement d'identité, qui permet à Keith de prendre momentanément la place de Connie. Ce qu'il n'a pas prévu, c'est que la place de Connie lui conviendrait tant, mais aussi que la jeune fille que Connie aimait puisse être aussi jolie; devenu amoureux de Mimi (Evelyn Knapp), Keith prend peu à peu la place de Connie, et d'ailleurs tout le monde aime mieux Connie "depuis qu'il a changé". C'est compter sans un autre prétendant de Mimi, qui va trouver de quoi gêner son rival...
1931, c'est l'année de M, et de beaucoup d'autres films parlants valides, dont les acteurs ne semblent pas engoncés dans leur costume, raides comme des piquets. Le film souffre cruellement de cette fadeur, de ce manque cruel de vie. L'histoire aurait pu être plus intéressante en y concentrant plus d'action, dans la mesure ou les dialogues peu inventifs lus par des acteurs qui articulent de façon exagérée deviennet la rêgle dès que J. Farrell Mc Donald disparait de l'écran. la faute à Curtiz, ou à son "dialogue director"? Tant pis: River's end n'est après tout que l'un des nombreux films de 1931 dirigés par Curtiz, et il fera bientôt bien mieux...
Sinon, l'histoire ridicule de sosie, que personne ne semble questionner dans le film, et la romance avec Mimi (Evelyn Knapp est atroce, si vous voulez mon avis) gâche donc une aventure qui présentait quand même des avantages dont Curtiz pouvait tirer parti/ Keith, après tout, est en perpétuelle fuite, et le film joue, surtout au début, la carte d'insister la-dessus, en montrant dès le départ les deux hommes qui cherchent le criminel en plein mouvement. le film se terminera sur un bateau, en partance pour... pour où, au fait?