Sorti discrètement, à une période de crise du cinéma Mexicain, avant un carton dans plusieurs festivals, le premier film d'Alfonso Cuaron a beaucoup de qualités. La première, c'est qu'il est une comédie joyeuse, tout en touchant (Un peu, ce n'est pas l'essentiel du film) à un sujet brûlant qui ne prêtait en rien à rire: le SIDA. Tomas Tomas est un publicitaire coureur, capable de partir d'une noce avec la mariée pour une petite escapade en souvenir du bon vieux temps, au nez et à la barbe du marié. Il se tape tout ce qui bouge, y compris sa patronne et la jolie infirmière qui travaille au cabinet de son ami et voisin Mateo, un médecin. Et un soir, il a justement rendez-vous avec les deux femmes simultanément, et tente de les honorer tour à tour en passant d'un appartement à l'autre, et... c'est là qu'il va découvrir une nouvelle raison de vivre: il passe d'un appartement à l'autre en parcourant une corniche qui fait la jonction entre les fenêtres, et entre les deux logis distincts ou il est supposé filer le parfait amour avec deux femmes différentes, un autre appartement lui réserve une vision angélique: une femme d'une beauté absolue, qui le subjugue par une gestuelle étrange. Tomas Tomas l'obsédé sexuel est enfin tombé amoureux... Mais il n'est pas au bout de ses peines! en effet, Sylvia Silva, l'infirmière déçue, lui a joué un tour pendable en trafiquant une feuille qui contient les résultats d'un test H.I.V. Un coup de machine à écrire, et il devient positif...
On est dans la comédie de moeurs bien sûr, mais on voit que le film tend à adopter une posture ironique dès le titre. Si comme moi vous n'êtes en rien familier avec la langue de Cervantes, sachez que Solo con tu pareja signifie "avec ta/ton partenaire seulement", une morale rassurante qui est loin d'être observée par tous les protagonistes.
Parmi les bonnes surprises réservées par le film, il y a bien sur la beauté de la photographie, signée par Emmanuel Lubetzki, le complice qui reviendra sur les cinq films suivants. Le script malin de Carlos Cuaron est un modèle de mélange entre provocation, situations de comédies (Louchant beaucoup sur les classiques de la "screwball comedy", dont il partage le soin et la lisibilité), et ironie relativement gentille, qui réussit à pousser l'exagération (Avec ces touristes Japonais qu'on trimbale partout), sans que ça vire au n'importe quoi. Un regret, un seul, mais de taille: l'interprétation, pas toujours à la hauteur, et tendant à casser le rythme. Dommage... Mais ce film a ouvert à Cuaron les portes du cinéma mondial, toutes grandes. Qui s'en plaindra?
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