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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 13:25

Enorme succès à sa sortie, ce film qui a installé définitivement Pedro Almodovar aux yeux du grand public, tout en le dégageant partiellement de sa réputation de provocateur impénitent, a remarquablement bien vieilli; c'est d'autant plus remarquable que le film était loin d'être une capsule temporelle des années 80 à la base, marqué par de nombreux flash-backs dans les années 60 et 70, liés à l'expérience sensorielle de l'enfance vécue par le personnage de Victoria Abril, Rebecca. Désormais au centre de l'oeuvre, annonçant une série de films mélodramatiques flamboyants et classiques, on peut s'y repencher sans dommages, avec un plaisir sans cesse renouvelé. L'émotion y est intacte, la provocation y est aussi toujours présente, mais diffuse, presque comme un réflexe inévitable...

 

Ce film renvoie aussi, par sa structure et ses obsessions formelles et esthétiques, à tous les films qui l'ont précédé: un interlude dabsé kitsch détaché du reste de l'intrigue se tient lors d'une scène de prison, par exemple, et une fois de plus l'histoire concerne la nouvelle bourgeoisie médiatiques Espagnole, après le metteur en scène de La loi du désir, la doubleuse de Femmes au bord de la crise de nerfs et l'actrice de Attache-moi: l'héroïne, Rebecca (Victoria Abril), est présentatrice du journal télévisé; elle est mariée à son patron (Manuel: Féodor Atkine), producteur coureur et ancien petit ami de sa mère, la chanteuse Becky del Paramo (Marisa Paredes); peu après le retour de Becky en Espagne, après une longue absence, Manuel est assassiné, et Rebecca aboue le crime à la télévision. mais l'affaire, entre les mains du juge Dominguez (Miguel Bosé), prend vite une tournure très compliquée, dans laquelle les relations difficiles entre la mère et la fille vont éclater de nombreux conflits et frustrations...

 

Le lien mère - fille, à travers un kaléidoscope de problèmes, voilà le principal thème du film. Almodovar se plait à faire de Victoria Abril une sorte de reflet déformé, comme raté, de Marisa Paredes; l'une s'est mariée à l'ancien amant de l'autre, elle a hérité de son prénom aussi, mais la délurée et flamboyante Becky a donné naissance à la sage et frustrée Rebecca; l'une est une chanteuse célébrée dans le monde entier, l'autre est une présentatrice de journal télévisé. Le film va nous montrer le difficile processus de libération, presqu'un échange, entre la mère et la fille, comment contre toute attente de la complexée Rebecca, une autre femme va naître, une fois qu'elle aura réglé ses problèmes, le premier d'entre eux étant sa relation conflictuelle, dont les marques d'affection n'ont plus le moindre sens, avec sa mère.Le personnage triple interprété par Miguel Bosé, tout de tromperie et de dissimulation, va agir comme un révélateur, en jouant sur la dualité: imitateur de la mère dans son numéro de cabaret travesti, il saute sur la première occasion de coucher Quoique le terme soit franchement impropre devant leur prestation acrobatique) avec la fille, et va beaucoup faire pour la libérer: concrètement, de prison; sexuellement; mais aussi en lui permettant de faire face à sa mère.

 

La prestation des deux actrices est bien sur exceptionnelle, avec une mention spéciale pour Marisa Paredes, qui trouve ici, peu de temps avant La fleur de mon secret, un rôle en or, dont elle s'acquitte avec une classe folle. Almodovar lui donne bien sur des scènes d'anthologie, surlignant le glamour de la chanteuse comme dans la magnifique scène du tour de chant, avec le baiser au sol. Elles s'habillent toutes deux en rouge, dans des variations qui les rendent complémentaires: le plus souvent, Rebecca s'habille de manière stricte, et c'est de toute manière Becky qui a de la classe. Introduit par des images qui renvoient à la mode luxueuse du début des années 60, le film évolue dans une esthétique décalée, et les provocations 80's (La scène de rencontre sexuelle entre Rebecca et "Letal", ou la fameuse anecdote du grain de beauté, qui sert de fil rouge au personnage du juge) et la mode contemporaine n'y font rien: on est constamment dans un autre monde, une création Almodovarienne qui se situe à l'écart du vrai Madrid. On est aussi dans un film qui ne lasse jamais, et qui est un fabuleux moment de cinéma. Désormais, Almodovar allait évoluer dans la cour des grands.

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Published by François Massarelli - dans Pedro Almodovar