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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 17:04

Continuant sa fascinante exploration des dessous du rêve Américain, Scorsese dresse, avec la complicité brillante de Leonardo Di Caprio (Dont le film est clairement un projet personnel) un portrait extraordinaire d'un des plus formidables hommes Américains du XXe siècle. Ce n'est pas une biographie, le film étant limité à une période de la vie de Howard Hughes (1905-1976): le milliardaire, passionné d'aviation et porté sur le cinéma, a préféré ne pas choisir entre les deux, et a produit un certain nombre de films (Scarface, de Hawks en 1932; The Mating call de James Cruze, en 1928; The racket de Lewis Milestone en 1928...), en a même réalisé certains, tout en continuant ses recherches visionnaires dans le domaine de l'aéronautique; il a aussi été le patron de la TWA, et a beaucoup fait pour faire progresser les voyages intercontinetaux. L'intrigue du film, après une brève vignette sur l'enfance de Hughes qui prendra du sens dans le reste du film, commence avec le tournage controversé de Hell's angels, entamé en 1927 et qui se poursuivra jusqu'en 1930, et se termine avec la présentation du plus gros avion de tous les temps. Et on assiste au passage du temps, depuis l'époque durant laquelle Hughes est un jeune playboy qui n'a aucun souci pour les tomber toutes (De Jean Harlow à Katharine Hepburn), jusqu'à une époque difficile durant laquelle les phobies du jeune Hughes, encouragé étant enfant par une maman obsédée de pureté, prennent clairement le dessus sur le multimilliardaire au point de le voir s'isoler dans une pièce, nu et se nourrissant exclusivement de lait durant des semaines...

 

La "folie" non diagnostiquée officiellement de Hughes, en fait des TOC, ou Troubles Obsessionnels Compulsifs, est un fait historique, de fait indissociable de son personnage. Di Caprio en fait son cheval de bataille, un personnage avec de telles failles étant par essence fascinant à interpréter. Mais on peut faire confiance à Scorsese aussi pour réussir à suivre un tel caractère jusque dans ses derniers retranchements, et nous donner envie de l'accompagner. Il prend manifestement du plaisir à recréer l'histoire, surtout quand elle se conjugue avec le cinéma; on voit Marty jubiler en trafiquant les couleurs de son film pour les faire ressembler à du Technicolor ou du Multicolor (Un procédé antédiluvien que le milliardaire possédait et qu'il a expérimenté sur Hell's angels, et qui est ici imité sur la première heure du film)... j'imagine avec quel plaisir le metteur en scène a distribué son film, et s'est apprêté à diriger Cate Blanchett en Kate Hepburn... bien sur, la ressemblance physique n'y est pas, pas plus qu'avec Jean Harlow, Erroll Flynn, Cary Grant, Ava Gardner, Spencer Tracy... peu importe, quand les acteurs font un travail superbe.

 

Pour résumer le film, Hughes, c'est un peu la vérité cachée derrière les artifices, ceux du cinéma, comme ceux de la politique et de l'industrie, comme en témoigne l'imbroglio juridico-politique dans lequel le milliardaire est embarqué malgré lui, et qui est magistralement mis en scène par un Scorsese survolté...

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Published by François Massarelli - dans Martin Scorsese