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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 08:38

En 1939, en pleine "drôle de guerre", on suit le parcours d'un cuirassé Allemand de poche, le Graf Spee, qui commence à faire parler de lui en coulant tous les navires Britanniques qui passent à sa portée, puis l'acharnement d'une flotte Anglaise décidée à en finir une bonne fois pour toutes avec le bateau. Le commandant Langsdorff, qui dirige le Graf Spee, se distingue de ses homologues nazis par une conduite chevaleresque remarquable, et un traitement systématiquement humain de ses prisonniers. La poursuite mène tous ces bateaux en Uruguay, pays neutre, très précisément à Montevideo où le bateau Allemand doit réparer des avaries, pendant que la flotte Britannique doit négocier avec le régime pour accomplir sa mission sans empiéter sur la neutralité des lieux...

 

Powell avait, dans The spy in black, montré en une scène poignante et troublante, un ennemi vaincu (Conrad Veidt) par la femme qu'il avait appris à aimer (Valerie Hobson), et un dialogue silencieux entre eux s'installait pendant que le marin Allemand s'abîmait en pleine mer avec son bateau; une bonne part de ce film partiellement de propagande de 1939 était d'ailleurs racontée du point de vue d'un "ennemi", tout comme 19th parralel dans lequel un groupe de marins nazis parcourait le Canada dans le but de créer des appuis pour l'Allemagne. Enfin, le 'Colonel Blimp' était confronté à plusieurs reprises à son "ennemi" et ami, interprété par Anton Wallbrook. C'est dire si cet intérêt pour le point de vue de 'l'autre camp' est un thème récurrent chez le cinéaste. C'est ce qui fait sans doute le sel de la première partie de ce film, qui est située exclusivement sur le Graf Spee, et dans laquelle on est justement confronté au personnage de Langsdorff (Peter Finch), un homme courtois, respectueux des marins dont il coule les bateaux...

Le reste du film voit le point de vue changer dramatiquement (La deuxième moitié ne s'intéresse quasiment plus à ce qui se passe sur le Spee, notamment, au profit des navires Britanniques), et ça tend à donner une impression de déséquilibre, qui franchement confine parfois à l'incohérence. De plus, ce film de guerre qui se situe à l'écart du nazisme finit par ennuyer par trop de courtoisie... Aimerait-on vraiment Stalag 17 si Preminger ne jouait pas le nazi tromphant et sadique? Et La grande Illusion se relèverait-il d'un geste de clémence de Rauffenstein (Stroheim) à Boëldieu (Fresnay)? Les intentions de Powell et Pressburger, de ne pas charger la barque et de chercher un point de vue différent et humaniste sur la guerre, ne peuvent que nous émouvoir. Mais le problème, c'est que ce film soigné, poli, aux superbes couleurs... est mortellement ennuyeux.

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Published by François Massarelli - dans Michael Powell