En 1924 et 1925, la toute jeune MGM a beaucoup employé de jeunes et moins jeunes réalisateurs, parmi lesquels Josef Von Sternberg, William Wellman ou Frank Borzage, qui n'ont pas fait long feu au sein de la compagnie. Les méthodes de production de la compagnie, malgré leur Ars gratia artis si clairement affiché au frontispice de chaque film, n'étaient pas forcément des plus avantageuses pour les artistes, justement. C'est donc dans ces conditions que Frank Borzage, au sortir de deux petits contrats avec la Cosmopolitan de William randolph Hearst, puis la First National, a réalisé deux films mineurs. le premier, Daddy's gone a-hunting, que je n'ai pas vu, n'a pas bonne réputation, et le deuxième, The circle, adapté d'une pièce de Somerset Maugham, est meilleur, dans une certaine mesure.
La source théâtrale est évidente dans ce film qui se situe largement en intérieurs, et qui est surtout l'histoire d'une soirée: Lady Catherine a déserté son foyer avec le témoin de mariage de son mari, Hughie, et les années ont passé: le mari, Clive ne s'est pas remarié, mais a élevé son fils Arnold, qui est aujourd'hui marié. La situation risque de se reproduire, puisque l'pouse du fils a décidé d'inviter la mère et son compagnon afin de juger par l'effet des années si la désertion vaut la peine d'être tentée...
Les ruptures de ton, Borzage connait, on l'a vu avec Secrets (1924). Mais ona quand même souvent l'impression, et il semblerait que ce ne soit pas qu'une impression, que l'auteur de Humoresque n'ait pas spécialement été emballé par cette histoire, dont il faut bien dire que le meilleur est l'introduction, les quelques 6 minutes qui nous présentent la fuite de Lady Katherine: c'est, il est vrai, la jeune starlette Lucille Le Sueur, qui ne s'appelait pas encore Joan Crawford, qui interprète la jeune femme... L'aube d'un grand amour qui sacrifie tout le reste, forcément, ça a plus parlé à Borzage que le reste du scénario, divisé en 3 actes: d'une part, l'exposé de la situation présente par l'héroïne (Eleanor Boardman), et la présentation de chauqe personnage; lorsque on voit pour la première fois le mari interprété par Creighton Hale avec son monocle, on ne peut que lui donner raison d'avoir envie de foutre le camp, honnêtement. un deuxième acte voit l'arrivée de Lady Katherine et de Hughie, désormais aussi vieux que leur âge, et plus pittoresque que romantiques. Ils semblent diriger le film vers la grosse farce, et la conclusion qui semble devoir s'imposer est que l'amour ne viellit pas bien... Jusqu'au coup de théâtre: apercevant les deux vieux amants enlacés tendrement après une dispute, la jeune femme tente le tout pour le tout. Le dernier acte voit l'insupportable mari jouer son va-tout, et casser la figure à son rival. Tant pis.
Le film n'avait as grand chose pour intéresser l'auteur. celui-ci a fait son travail, dans une certaine mesure (On sait que bien des films de la MGM à l'époque passaient par plusieurs mains, donc il faut être prudent), mais il n'a pas donné la pleine mesure de ses moyens à la MGM: le film suivant de Borzage, Lazybones, inaugurait un contrat à la Fox, et on allait voir ce qu'on allait voir, oh oui. Et bien sur, Borzage reviendra en 1937 à la MGM, pour là encore faire autrement mieux que ce petit film sympathique, mais secondaire.