Wang Lung, un jeune fermier Chinois, se marie avec O-Lan. Il ne l'a pas choisi, le mariage est arrangé, mais ils se conviennent; très vite, avec le soutien de son épouse, Wang va faire fructifier sa terre, être père, et traverser bonheurs et malheurs au gré des évènements...
Ce film est emblématique de ce que la MGM savait faire dans les années 30, en courant un peu après les Oscars, certes, mais surtout en mettant les grands plats dans les grands. Le film a pris trois ans à se faire, et typiquement, le crédit du réalisateur est forcément à considérer avec prudence. Cela dit, le réalisateur crédité au générique, Sidney Franklin, a su imprimer son style: un goût visuel certain, au service d'une histoire. Pour le reste, on se gardera de parler de film d'auteur, avec The good earth on est face au cinéma de studio, et cela n'a finalement rien d'insultant...
Paul Muni et Luise Rainer sont donc les protagonistes, et si on est aujourd'hui forcément étonné de cet état de fait, il faut rappeler qu'à cette époque l'exotisme d'un rôle oriental était un honneur pour tout acteur. Si Lon Chaney en avait fait une spécialité, beaucoup se dérobaient, ou faisaient un travail assez caricatural... Il a été question un temps de confier le rôle d'O-Lan à Anna May Wong, mais le Breen Office a clairement refusé: on n'allait pas envisager d'imaginer Paul Muni au lit avec une Chinoise! au-delà de ces considérations, contentons-nous de signaler que le film porte bien la marque de son éopque, à travers le phrasé caricatural de ses acteurs, mais que ceux-ci sont suffisamment engageants pour qu'on accepte de les suivre 138 minutes durant. Pour le reste, avec ses séquences spectaculaires, son lyrisme et son mélange subtil de vrai (Des extérieurs ont été tournés dès 1934 en Chine) et de faux (Tout le reste en studio, sous la direction experte des équipes du décorateur Cedric Gibbons), ce film mérite bien d'être vu, en souvenir de son principal architecte, Irving Thalberg, directeur de production décédé aux trois quarts du tournage d'un film qui montre bien quel artiste exigeant il pouvait être...