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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 09:06

http://3.bp.blogspot.com/_zAoyoHwC5IQ/S1Hz4JAvoBI/AAAAAAAAH8Q/5aaJLwKC65k/s400/Kid+Brother+(1927)+7.jpgEntre deux films de la veine citadine et satirique de Lloyd (For heaven's sake en 1926 et Speedy en 1928), plus en phase avec le cinéma de l'époque, l'artiste s'est malgré tout repenché sur le monde de Grandma's boy, ajoutant un nouveau chapitre tardif à cette magnifique tendance du cinéma Américain à faire de la parabole rurale... Et la référence à Grandma's boy s'impose d'autant plus que le film en est presqu'un remake, en plus lyrique et plus long. Mais le film a aussi été pour Lloyd l'occasion d'une bataille personnelle, puisque pour la première fois, il lui a fallu changer de réalisateur en cours de route. Avec le contrôle de sa star, la petite histoire du film n'a pas trop filtré, mais au moment de donner un successeur à For heaven's sake, Sam Taylor n'a pas repris sa place de réalisateur: c'est à Lewis Milestone que revient sans doute le crédit de l'essentiel de la direction; mais un contrat avec Hughes rendait sa participation problématique (De même a-t-il été débarqué de Tempest en 1928, au profit de...Sam Taylor, qui a signé le film!). On se doute que Lloyd a comme d'habitude mouillé sa chemise, et participé pour une large portion, mais c'est à Ted Wilde que revient le crédit, partagé par l'obscur J. A. Howe, réalisateur de comédies courtes chez Christie. Ajoutons à ces multiples créateurs le nom de Gaylord Lloyd, crédité comme assistant réalisateur, ce qu'il allait être ensuite sur quatre autres films, et on a une idée de la pagaille...

 

A Hickoryville, petite bourgade du bord de mer, tout va bien: le shérif Jim Hickory (Walter James) et ses deux grands fils (Leo Willis, Olin Francis) veillent au grain. Ils envisagent de faire construire un barrage pour la petite ville, avec l'appui et le respect de la population. Le troisième des fils Hickory, en revanche, est un grand benêt que personne ne respecte, surtout pas ses frères. Son père l'aime bien, mais ne lui fait pas confiance. Et donc, fatalement, dès qu'il est seul, Harold essaie de"jouer" à être son père, dont il aimerait tant mériter la confiance. C'est dans ces conditions que débarque en ville la roulotte d'un "medicine show": une jeune femme, Mary Powers (Jobyna Ralston),  a repris les affaires de son père, plus ou moins sous la pression de "Flash" Farrell (Eddie Boland) et de l'"homme fort" du spectacle, Sandoni (Constantine Romanoff). Ils réussissent à profiter de la naïveté d'Harold pour lui extorquer une autorisation de faire leur boniment à Hickoryville, et d'autre part Harold rencontre Mary dans de dramatiques conditions puisque celle-ci manque d'être violée par Sandoni... Mais s'est-elle choisi le bon chevalier pour la secourir?

 

http://www.silentfilmstillarchive.com/stills/kid_brother063.jpgUn monde rural sans age, des décors absolument superbes, et une façon unique de tirer parti de l'environnement, le film est une immersion complète, comme l'étaient ces autres films que Lloyd a pris comme modèle; on pense bien sur à Tol'able David (Henry King, 1921), aux comédies de Griffith. Mais si la référence est liée à l'histoire du film "sérieux", Lloyd n'a pas négligé les gags, mais a comme d'habitude su parfaitement les intégrer à la trame dramatique, et surtout au développement des personnages. Comme dans les autres films, l'enjeu est ici pour Harold de prouver sa valeur en réussissant à trouver en lui le courage et la force de se mettre en avant. Au contact de Mary, il va réussir, comme le montre cette admirable scène de rencontre entre les deux amoureux, qui se termine sur une ascension: Lloyd la voit s'éloigner, et escalade un arbre de branche en branche pour qu'elle ne disparaisse pas de son champ de vision... Une des scènes les plus drôles voit Mary invitée à rester chez les hickory après la destruction de sa roulotte. Mais les frères Hickory, en chemise de nuit, doivent se cacher par pudeur. Ensuite, une voisine vient proposer l'asile à Mary pour la nuit (Trop d'hommes chez les Hickory!!), ce qu'Harold ne révèle pas à ses frères, et il se fait ensuite passer pour elle afin de profiter de la situation en se faisant dorloter... Mais le clou du film, dans ses deux dernières http://wondersinthedark.files.wordpress.com/2010/02/kid-brother-3.jpgbobines, voit Harold se déchaîner pour sauver aussi bien son père que la jeune femme en résolvant le mystère d'un vol qui risque d'entraîner l'arrestation de son père. Harold se bat comme un diable contre l'impressionnant Sandoni, sur un bateau échoué...

Dernier film de Lloyd interprété par la lumineuse Jobyna Ralston, The kid brother était bien parti pour être sans doute le préféré de son auteur... Mais le manque de succès d'un film qui était sans doute très démodé en a décidé autrement. et The kid brother a été occulté par Lloyd durant des années, jusqu'à ce qu'un Kevin Brownlow admiratif persuade les ayant droit de céder le film pour en diffuser une restauration, accompagnée d'une partition splendide de Carl Davis. C'est bien le moins qu'on devait à ce film tendre, témoin du savoir-faire impressionnant d'un artiste de génie. Pour ma part, j'en ai fait mon Lloyd préféré depuis longtemps...

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Published by François Massarelli - dans Harold Lloyd Muet 1927 Criterion **