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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 09:29

A Lyon, Irène Guarry (Greta Garbo) est mariée à un riche homme d’affaires, Charles (Anders Randolf). Elle ne l’aime pas, et rencontre régulièrement son amant André Dubail (Conrad Nagel). Celui-ci souhaite que la jeune femme quitte son mari, et divorce, ce à quoi elle se refuse : elle sait que son mari n’acceptera jamais le divorce. Ils conviennent de cesser de se voir… De son côté, Irène rencontre parfois un jeune homme, Pierre Lassalle (Lew Ayres), clairement amoureux d’elle. Elle le laisse gentiment flirter, sans savoir que leurs rencontres ont été épiées par un détective payé par Charles. Un soir, Pierre se rend au domicile d’Irène en l’absence de Charles, et devient entreprenant. Charles intervient, et attaque le jeune homme. En continuant à se battre, ils se retrouvent tous trois dans une pièce, à l’abri de notre regard. Charles meurt : qui l’a tué ? Et quelle est l’intention d’Irène vis-à-vis du jeune Pierre ?

Le premier film Américain de Feyder, et son seul muet, tranche non seulement sur les besognes alimentaires qu’il tournera à la MGM, mais aussi sur le tout-venant des films interprétés par Greta Garbo. Bien sur, on reste dans un cadre de drame mondain, situé dans la bourgeoisie Européenne ; mais le style, le ton et le naturalisme inné de Feyder font merveille. Il a en particulier choisi du début à la fin du film des placements de caméra inhabituels, utilise des mouvements d’appareil avec un sens de la mesure qui est tout bonnement miraculeux. Il y a aussi des idées géniales de mise en scène, rares dans les films muets bien conventionnels de la MGM à l’époque, comme un faux témoignage en direct : Garbo est interrogée sur le meurtre de son mari, et sa propre situation au moment du drame, et elle donne une version que nous savons fausse, illustrée par des images, dans lesquelles l’actrice semble hésiter, mécaniquement, se conformant aux hésitations de la narration.

 

Feyder est moins à l’aise avec l’histoire d’amour bien conventionnelle des deux principaux protagonistes, qui vont devoir se rapprocher lorsque Garbo sera accusée du meurtre de Charles, André devenant bien sur son avocat. Le metteur en scène préférait, c’est manifeste, les sentiments qui s’expriment autrement que par des intertitres (Oh, I love you so much, Irène !) ou des dialogues peu convaincants, il l’a suffisamment prouvé dans la plupart de ses films... Par contre, il a reçu comme mission, comme tous les metteurs en scène qui ont eu a croiser la Divine, de mettre en valeur sa beauté: mission accomplie avec brio!

 

Une autre chose qu'il a toujours su faire, c'est peindre même en contrebande un tableau bien noir des passions humaines: à la fin du film, Irène et André sont certes réunis, désormais débarrassés de l’obstacle encombrant du mari dont on a conclu que la mort était un suicide… et désormais complices involontaires d’un mensonge autour des circonstances en effet peu orthodoxe de sa disparition. Pour un metteur en scène qui avait réalisé un Thérèse Raquin paraît-il formidable (Et dont on déplore plus que jamais la disparition), ce n’est pas anodin.

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Published by François Massarelli - dans Muet Jacques Feyder 1929 Greta Garbo *