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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 09:13

Le premier de trois films dont le script est du à Philip Dunne, The late george Apley inaugure donc cettte période d'auto-apprentissage, Mankiewicz étant désireux de travailler sur les scripts des autres afin de parfaire sa connaissance des ficelles du métier de réalisateur. Ses deux premiers films ont montré de  nombreuses promesses, mais Mankiewiz, face à la compétition, face à Zanuck aussi, sait qu'il doit viser la perfection. Ca peut paraitre paradoxal, tant on connait aujourd'hui l'immportance du script et du dialogue dans l'univers du metteur en scène, mais après tout cette période d'apprentissage a engendré au moins un classique, un film aimé par beaucoup: The ghost and Mrs Muir.

 

Réglons tout de suite son compte à une bizarrerie, dont Mankiewicz n'est pas responsable: le titre Anglais veut bien dire Feu george Apley, et c'est le titre de l'oeuvre adaptée (Une pièce de John Marquand et George Kaufman) dans laquelle la dernière scène, amère, est située après la mort du personnage principal. Tel quel, le film (Dont le titre Français est Mariage à Boston) serait selon Kenneth Geist une trahison de cette oeuvre-source, avec un protagoniste adouci, rendu aimable par la grâce du casting de rien moins que Ronald Colman. A ce sujet, on remarque une petite manie des Hollywoodiens, qui rendait Mankiewicz furieux: pour incarner un Bostonien, on se précipite sur un acteur Anglais, auquel on ne demande aucun effort pour dissimuler son accent. c'est la même chose avec la fille de George Apley, en plus amusant: Peggy Cummins est de Dublin, et parfois cela s'entend un peu... Pour un Californien moyen, l'Est et le Royaume-Uni, c'est finalement la même chose...

 

Le début du 20e siècle, à Boston. George Apley, citoyen Bostonien avant d'être Américain, est un homme satisfait de sa petite vie, régie par des habitudes héritées de son grand-père, de  son père: membre d'un club d'ornithologie, d'un club social, riche et fier de son rang, ne se mélangeant absolument pas à d'autres personnes que celles de son rang, encore moins avec des non-Bostoniens. Sa fille et son fils, pourtant, ont des vélléités d'indépendance: Elanor veut se marier à un jeune homme, un intellectuel qui a été à Yale, non à Harvard (Sacrilège!), et il souhaite donner une vision  moderne des grands penseurs locaux, en particulier d'Emerson, l'écrivain préféré de George Apley; le fils John souhaite se marier avec la fille d'un industriel qui habite à Worcester, Massachussetts, et non avec la cousine Agnes, comme c'est programmé depuis des lustres. Au hasard des rencontres, des occasions sociales et d'appartés familiaux, on va voir à certains moments un George Apley qui applique ses règles sans concessions, à d'autres un homme qui assouplit son rigide code de vie, voire parfois de petites révolutions, selon l'influence des uns et des autres...

 

Autant le dire de suite, le film est absokument délicieux, se boit comme du petit lait, et on comprend assez vite pourquoi Mankiewicz a eu du plaisir à le faire. Tous ces conciliabules entre les uns et les autres, renvoient à un style de film qui n'est certes pas étranger au coeur de l'auteur de All about Eve et A letter to three wives. Les différences et évolutions marquées du perosnnage de Apley, au fur et à mesure de l'intrigue, sont dues à ses échanges avec un certain nombre de personnages, son épouse Catherine, son beau-frère Roger, l'industriel de Worcester, Mr Dole (Encore pire qu'Apley lui-même, il pratique un conservatisme acquis, et non hérité: c'est un parvenu!), voire Agnes, sa nièce. certaines scènes installent la nostalgie d'une aventure passée, qui humanise un peu plus le personnage... Et pourtant à aucun moment les coutures n'apparaissent, le charme et l'humour pince sans rire fonctionnent à fond. Le fredonnement contagieux d'une chanson sert à mettre en valeur l'air du changement, qui pousse Apley dans des scènes très drôles à s'intéresser à ...Freud!

 

Quant au message de ce film Bostonien par ailleurs impeccablement réalisé, il n'est pas éloigné non plus de certains thèmes déja présents dès Dragonwyck: en gardien du temple Bostonien, soucieux de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, George Apley est une version rose de Nicholas van Ryn, la bonhomie Bostonienne en plus... Un homme dépassé par son siècle qui va devoir accomplir un effort surhumain pour se raccrocher aux branches. De plus, l'évolution n'est pas sans dangers, puisque si on peut constater dans le film la belle vision du progrès dans les relations humaines représentées par le parcours d'Eleanor et de son howard, on voit aussi une autre Amérique, représentée par Mr Dole, qui admet que sa fille aurait probablement les mêmes préjugés qu'Apley, et ne souhaiterait pas se marier avec john: John ne souhaite sans doute pas, comme son père, quitter Boston. De son coté, Myrtle ne voudrait de toute façon pas y mettre les pieds! Une fois de plus, rien n'est simple dans ce qui n'est pas seulement une querelle des anciens et des modernes: il y a modernes et modernes... enfin, Ronald Colman en vieux renard ici, c'est un manipulateur, un de ces personnages qui tire des ficelles, sans trop faire de mal, toutefois... admettons que chez Mankiewicz, il y en aura bien d'autres.

 

Pour finir, The Late george Apley possède un atout inutile, trivial, mais unique: on y prononce le mot Boston, un nombre impressionnant de fois. Inutile, mais c'est après tout un record auquel j'ai tenté personnellement de rendre hommage...

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Published by François Massarelli - dans Joseph L. Mankiewicz